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La bête du Gévaudan

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La bête du Gévaudan Empty La bête du Gévaudan

Message par Cricri-FB Ven 8 Juin 2018 - 10:23

La bête du Gévaudan


La Bête du Gévaudan est un animal (ou plusieurs animaux) qui terrorisa le Gévaudan (France), de fin juin 1764 jusqu'au 19 juin 1767. Durant cette période, plusieurs attaques mortelles et non mortelles lui furent attribuées.

La bête du Gévaudan Gevaudan-monster2
« Figure du Monstre, qui désole le Gévaudan »


Localisation

La Bête a sévi dans le diocèse du Gévaudan, qui de nos jours correspond au département de la Lozère, et des parties du Cantal et de la Haute-Loire.

Le Gévaudan est un pays sauvage délimité :
- à l'est : l'Allier, jusqu'au confluent de la Desge,
- au sud : les gorges de la Jonte, les Cévennes et le Mont Aigoual,
- au nord : la Desge et le Bes,
- à l'ouest : les monts Aubrac et Causse Méjean,
soit un territoire de 6500 kilomètres carrés.

L'environnement du Gévaudan est constitué de vallées et de montagnes très boisées. Les villages sont éloignés de plusieurs kilomètres les uns des autres, et la rareté des routes à l'époque de l'affaire rend les déplacements difficiles, longs et dangereux.

Sur le lieu de la mort de la Bête : Les montagnes de Margeride sont constitués de landes à bruyéres, pins et myrtilles, de blocs de granites et de hêtraies dans les pentes. Elles étaient bien moins boisées à cette époque qu'actuellement (vastes plantations d'épiceas) et les troupeaux de moutons pouvaient donc paître très haut. Mais elles ont un climat très rude (il y subsiste des plantes de l'âge glaciaire) rendant impossibles les battues d'hiver, et les chevaux des chasseurs s'embourbaient même dans les nombreuses tourbières (les "sagnes").


Les attaques

La première victime officielle de la Bête fut Jeanne Boulet, 14 ans, tuée le 30 juin 1764, au village des Hubacs (près de Langogne) dans la paroisse de Saint-Étienne-de-Lugdarès en Vivarais. La victime fut enterrée « sans sacrements », n'ayant pu se confesser avant sa mort.

Principalement ciblées sur les femmes et les enfants, les attaques de la Bête sont difficiles à chiffrer de façon exacte, certaines agressions ayant pu lui être attribuées à tort, mais le nombre de morts serait de l'ordre de la centaine.


Les protagonistes

Certains supposent (sans qu'aucune preuve ait pour le moment été apportée) qu'un homme avait dressé un ou plusieurs croisements de chiens et de loups en leurs apprenant à se nourrir de chair humaine. Certains indices pourraient laisser penser que cet homme ou ces hommes auraient été des détraqués sexuels (selon des sources populaires, non datables ni authentifiables, la "bête" aurait déshabillé certaines victimes). Parmi les suspects figure la famille Chastel, mais malgré l'emprisonnement des Chastel (pour d'autres motifs) les attaques ne cessèrent pas.

D'autres hypothèses évoquent plus simplement un ou des animaux sauvages : loups, hybrides de loups et de chiens, hyène échappée des mains de son conducteur. À moins que certains criminels aient profité d'attaques de loups pour mettre leurs propres crimes sur le compte des animaux.


La traque

Devant l'ampleur de l'affaire, les autorités se décident à organiser des battues auxquelles participent de plus en plus de monde et des soldats et louvetiers du roi, mais les résultats furent décevants. Il faut attendre le 20 septembre 1765, où un grand loup est abattu par le porte-arquebuse du roi, François Antoine (souvent surnommé, par erreur, de Bauterne). La bête est naturalisée et envoyée à Versailles.

Le calme semble revenir, mais en décembre, les crimes reprennent. Les autorités se désintéressent de l'affaire concluant à des coïncidences. Le pays du Gévaudan devra vivre encore presque deux ans avec sa Bête, celle-ci faisant 6 morts en 1766 et 18 durant les 6 premiers mois de 1767 malgré les battues des paysans qui continuent. Enfin, le 19 juin 1767, au cours d'une battue dans les bois de la Ténazeyre, c'est Jean Chastel, un homme du hameau, qui abat un loup d'une taille inusitée. Des romans ultérieurs enjolivèrent l'histoire, le disant étrange et soupçonné de sorcellerie, et lui faisant employer une balle bénite. Il est en revanche avéré que les agressions cessent après cette chasse.


Les mystères

Outre le fait que la Bête ait fait un nombre considérable de victimes, de nombreux détails la concernant sont curieux :
- Sa nature morphologique : c'est très certainement un canidé, mais d'aspect inhabituel. Il pourrait s'agir d'un hybride de chien et de loup.
- Sa relative invulnérabilité : le manque d'efficacité des armes a fait supposer qu'elle portait une cuirasse.
- Son ubiquité : la bête est aperçue dans un très faible intervalle de temps en des lieux distants de plusieurs kilomètres les uns des autres. Ces distances restent cependant tout à fait envisageables pour un animal.
- Sa familiarité, son audace : elle ne semble pas craindre l'homme. Au moins 22 fois, des victimes ont été attaquées en plein village.
- Son agressivité : la bête n'attaque pas uniquement sous l'impulsion de la faim et fait preuve d'un grand acharnement.
- Son agilité : exceptionnelle aux yeux des témoins.
- La mise en scène humaine dans certains meurtres (habits disposés près de la victime selon des sources populaires malheureusement non authentifiables).


Tentative d'explication

Malgré le fait que les sources d'époques soient parfois peu fiables ou mal interprétées, notamment sur les lieux et les scènes exactes des carnages, un certain nombre de points obligent à privilégier un faisceau de probabilités qui dessinent un tableau qui s'approche sans doute de la réalité.
- L'hypothèse surnaturelle n'est pas prise en compte.
- Les agressions ne peuvent pas toutes être l'œuvre d'un homme (toutes les personnes ayant survécu à une attaque ont décrit un animal dans les témoignages authentifiés).
- Il semble donc que les agressions ont diverses origines, attaques classiques de loups, attaques d'une bête particulière. On ne peut exclure, mais cela n'est pas prouvé, des attaques d'un ou de plusieurs criminels profitant du contexte.
- L'hypothèse d'une mise en scène dans le cas de la bête tuée par François Antoine (utilisant un loup spectaculaire amené du zoo de Paris) ne repose que sur des conjectures sans preuves.
- La bête tuée par Jean Chastel pourrait avoir été un animal apprivoisé et entraîné à tuer, selon certaines théories non probantes ; sa description est sans conteste celle d'un canidé.
- Aucune preuve ne permet d'accuser la famille Chastel ni la noblesse locale qui aurait couvert ses agissements.
- L'usage du terme "bête" par les témoins au lieu de "loup", alors que cet animal bien connu dans les campagnes de l'époque aurait du être vite identifié. De plus les loups chassent généralement en meute.
- Le fait que la plupart des victimes soient des femmes et enfants peut provenir du fait que même très jeunes ils gardaient souvent seuls les troupeaux : nul besoin d'hypothèse de tueur sadique. Les hommes travaillaient eux plus souvent en groupes et avec des outils (faux, fourche, hache) pouvant éloigner aisément les loups.


Les sites touristiques

- Musée de la Bête du Gévaudan à Saugues, Il restitue par des personnages en plâtre l'atmosphère de terreur qui régna entre 1764 et 1767 dans la région de Saugues. Une statue momumentale se dresse également dans le village ainsi que d'innombrables représentations.
- Une statue se trouve au village d'Auvers : Marie Jeanne Vallet combattant la Bête,par le sculpteur Ph. Kaeppelin.
- Une stèle à la mémoire de Jean Chastel dans le village de La Besseyre-Saint-Mary.
- Une statue de la Bête du Gevaudan sculptée par Auricoste à Marvejols.

La bête du Gévaudan BeteDuGevaudan2
Sculpture de la bête du Gévaudan à Saugues


Représentations en fictions

- La Bête du Gévaudan, dramatique de la série Le Tribunal de l'impossible diffusée en 1967 (ORTF).
- Le Pacte des loups, film de Christophe Gans (2001)
- La Bête du Gévaudan, téléfilm de Patrick Volson (2003)
- La Bestia, Adrien Pouchalsac et Jan Turek, 2006, BD aux Editions Bois Sans Feuille.

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Message par Cricri-FB Ven 8 Juin 2018 - 10:24

La bête du Gévaudan


En 1764, le Gévaudan est ravagé par la terreur : une bête mystérieuse égorge et tue femmes, enfants et vieillards…Le Roi en personne envoie son Grand Louvetier et ses soldats vaincre le monstre….
"Qui croire? Un homme a vu la Bête traverser la rivière à gué sur les deux pattes de derrière : pour lui, ce ne peut être qu'un singe ou un loup-garou. Un autre prétend qu'elle a la gueule presque semblable à celle d'un lion, mais bien plus grande. Il faudrait pouvoir vérifier tous ces dires, mais, pour l'instant, qui a vu de trop près la Bête s'est fait dévorer..." Cette Bête qui a fait connaître le Gévaudan jusqu'en Allemagne et en Hollande n'est pas un mythe : les documents les plus officiels prouvent qu'elle a fait au moins une centaine de victimes, sans compter les blessés. Mais dès le temps où elle sévit, on a imaginé à son propos les histoires les plus étranges ; par la suite, on a voulu faire d'Antoine de Beauterne un imposteur, de Jean Chastel un sorcier, de son fils cadet un meneur de loups. D'autres ont attribué les meurtres à un sadique déguisé en bête…



http://perso.orange.fr/mickael.lukas/index.htm

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Message par Cricri-FB Ven 8 Juin 2018 - 10:24

La bête du Gévaudan : mythe et réalité


Nous avons par bonheur sur la Bête une masse d'archives : extraits de registres paroissiaux relatant la mort des victimes ; lettres précises et circonstanciées de l'excellent syndic Lafont, subdélégué ( sorte de Préfet ) pour le Gévaudan, qui rend un compte régulier des meurtres et des résultats des chasses à l'Intendant du Languedoc, M. de Saint-Priest, à Montpellier; réponses de l'Intendant ; correspondances entre les diverses autorités, rapports de Duhamel, des d'Enneval, d'Antoine, chargés successivement de détruire la Bête ; rapports de médecins, chirurgiens, notaires ayant examiné les loups tués.
Des nombreux ouvrages écrits sur la Bête, deux sont essentiels : celui de l'abbé Pierre Pourcher, bourré de documents d'archives, irremplaçable ; celui de l'abbé Xavier Pic, plus récent, utilisant les dernières découvertes et combattant avec énergie les folles hypothèses échafaudées sur le fabuleux animal.
Les ravages de la Bête ont commencé en juin 1764 et se sont poursuivis jusqu 'en juin 1767. Les plus meurtries parmi les paroisses-on ne parlait pas encore de communes-furent celles de l'actuel canton de Saugues, qui appartenait alors au Gévaudan et fut rattaché à la Haute-Loire à la Révolution.
Le fléau, venu du Vivarais et de la région de Langogne, se déplaça vers Châteauneuf et Rieutort de Randon, puis se limita, du moins en Gévaudan, à un cercle d'une trentaine de kilomètres autour du Malzieu.


Les dragons de Duhamel

Premières victimes

"La première personne qu'elle attaqua, fut une femme près de Langogne ; mais des bœufs qui arrivèrent à temps la secoururent; elle n'eut d'autre mal que ses habits déchirés".
La première victime officiellement recensée est Jeanne Boulet, de Saint-Etienne de Lugdarès, enterrée le 1er juillet 1764, dit le registre de la paroisse, et morte " sans sacrements, ayant été tuée par la bête féroce".
Le premier meurtre circonstancié se déroula le 6 septembre, à Arzenc de Randon. Vers 7 heures du soir, une femme de 36 ans fut surprise dans son jardin : la Bête lui sauta au cou, lui perça la veine, se mit à laper son sang. Des gens accoururent, armés de haches et de fourches, et la mirent en fuite.
Dix jours plus tard, un petit berger de Saint-Flour de Mercoire revenait le soir du pâturage ; la Bête se rua sur lui, le renversa, lui ouvrit le ventre ; ses vaches, qui auraient pu le protéger, marchaient trop en avant : il mourut seul et sans secours, sur le chemin.
Dés le début, quand la Bête opérait encore dans la région de Langogne, le syndic de Mende, Lafont, en accord avec le compte de Moncan, commandant les troupes à Montpellier, lui avait fait donner la chasse par le capitaine aide-major Duhamel et par ses dragons, des Volontaires de Clermont, dont 4 Compagnies étaient en résidence à Langogne et à Pradelles ; Duhamel avait fait armer les paysans des villages et dirigé des battues, fouillant en particulier la forêt de Mercoire.
A Rieutort de Randon, le 28 septembre, une petite bergère de 12 ans ramenait son bétail ; elle était à 50 pas de la maison et sa mère, du seuil de la porte, la regardait venir. Soudain, d'une roche dominant le chemin, elle vit une bête sauter sur elle. Vite elle y courut avec ses deux fils : l'enfant était déjà méconnaissable, déchiquetée, à demi dévorée.
Le 10 octobre, au Bergounhoux, de Fontans, deux frères de 13 et 6 ans et leur sœur de 10 ans ramenaient les bestiaux du pâturage : " la Bête, écrit Lafont à l'Intendant, se lança de derrière un buisson, où elle s'était tenue cachée, sur la fille qui fut renversée. Ses deux frères, qui avaient chacun un bâton au bout duquel ils avaient attaché un couteau, eurent assez de courage ou de tendresse pour leur sœur pour foncer avec ces couteaux sur la Bête qui, dès qu'elle se sentit piquée, prit la fuite. La jeune fille fut blessée d'un coup de dent à la joue et d'un coup de griffe à un bras ".La Bête n'était donc ni invincible ni insensible aux coups : de simples enfants, s'ils n'étaient pas surpris et faisaient front, parvenaient à la mettre en fuite.


Portraits de la Bête

Voici, à travers quelques documents de l'époque, comment on imaginait et décrivait la Bête " qui mangeait le monde ".
Selon tous ceux qui l'ont vue, écrit à Séguier de Nîmes un gentilhomme du Gévaudan, M. de la Barthe, à la fin d'octobre 1764, " cette Bête a la tête large, très grosse, allongée comme celle d'un veau et terminée en museau de lévrier ; le poil rougeâtre, rayé de noir sur le dos, le poitrail large et un peu gris, les jambes de devant un peu basses, la queue extraordinairement large et touffue et longue. Elle court en bondissant, les oreilles droites ; sa marche au pas est très lente. Quand elle chasse, elle se couche, ventre à terre et rampe : alors elle ne paraît pas plus grande qu'un gros renard. Quand elle est à la distance qui lui convient, elle s'élance sur sa proie et l'expédition est faite en un clin d'œil…Sa taille est plus haute que celle d'un grand loup. Elle est friande du sang, des tétons et de la tête…revient, lèche la terre s'il y a du sang.
Mais le même Labarthe rectifiait, dans une lettre du 20/02/1765 : " …Personne ne l'a vue…Pas de griffes, puisqu'elle n'en a jamais fait usage : toutes les plaies viennent des dents. La taille a beaucoup baissé…Les jambes sont allongées…En un mot, on ne sait absolument rien !…Eu égard à sa grande timidité, ce n'est qu'un loup carnassier…Nous n'en doutons plus ici ".
Le capitaine Duhamel, dans une lettre à l'Intendant d'Auvergne où s'étale une grande naïveté, disait que la Bête " avait la taille d'un taureau d'un an…les pattes aussi fortes que celles d'un ours, avec six griffes (!) à chacune …le poitrail aussi long que celui d'un léopard ; la queue grosse comme le bras…Ce monstre doit avoir pour père un lion. Reste à savoir quelle est la mère ! ".
Le curé d'Aumont, Trosselier, dans une relation (accompagnée d'un dessin de sa plume) faite par lui, à l'époque même, dit que la Bête " tantôt paraît fort grande et tantôt très petite…Elle se redresse parfois sur ses deux jambes de derrière et " badine " de ses pattes de devant "…Serait-ce un singe ? Mais non : elle n'en a ni le corps ni la piste. Elle a des yeux de loup " étincelants de feu et de rage "…Fort leste, elle passe très vite d'un autre côté pour vous sauter dessus…Un tel l'a vue " grande comme un âne, poitrail large, tête et col gros, le museau comme celui d'un cochon ".
Les dessins que publiaient les journaux de cette bête " farouche et extraordinaire " ou les estampes qu'on vendait n'étaient pas moins fantasmagoriques !.


Malgré les battues le carnage continue

Mercier et les chasseurs de Mende arrivent, le 25 octobre 1764, à Saint-Alban, où le comte de Morangiès va organiser une grande battue. Elle a lieu le dimanche 28, avec 10 000 hommes environ, de Saint-Chély, Aumont, Rimeize, Javols…La chasse doit reprendre le 30 : une neige abondante y met obstacle.
Sur l'intervention de Lafont, le capitaine Duhamel se transporte à Saint-Chély avec 57 dragons, (40 à pied,17 à cheval) et loge chez l'aubergiste Grassal. Les dragons auront un surcroît de solde payé par le diocèse : dix sols par jour quand ils seront en campagne, cinq sols les autres jours.
Duhamel fait sa première chasse le 11 novembre, avec les paroisses du Fau, de la Fage-Montivernoux, de la Fage Saint-Julien. Sans résultat.
Après plus d'un mois d'interruption, le carnage reprend le 25 novembre. Une pauvre femme de 60 ans, Catherine Valy, de Buffeyrettes, près d'Aumont, surnommée la Sabrande, gardait sa vache unique quand la Bête l'a attaquée…On laisse ses restes sur place jusqu'au 28, avec les dragons en embuscade, dans l'espoir que la Bête y revienne : elle ne revient pas. Beaucoup supposent alors qu'il y a plusieurs " bêtes ", deux tout au moins…Et les dragons de Duhamel ne sont pas aussi inefficaces qu'on le dit : ils ont pris ou tué, en peu de temps, 74 loups !.
Depuis le meurtre de la Sabrande, rien à signaler, pendant près de quatre semaines. L'espoir commence à renaître.Mais le 21 décembre, consternation ! Au Fau-de-Peyre, une fillette de 12 ans a été attaquée dans son jardin et sa tête emportée. Duhamel poste en vain ses gardes, pendant deux nuits, près du cadavre.
Est-ce la même bête qui, six jours avant, le 15, avait dévoré en partie (emportant la tête à 100 pas) une femme de 45 ans, Catherine Chastang, à près de 50 km au nord-est, à Védrines-Saint-Loup ? Les gens de l'Auvergne, en tout cas, ne tiennent pas à voir les dragons venir piétiner leurs cultures et organisent tout seuls les battues.
Les attaques continuent sur les pentes de la Margeride et au sud d'Aumont. Le 28 décembre, c'est à Saint-Martin du Born (jamais la Bête ne descendra plus au sud et si près de Mende) qu'une fillette de 12 ans est attaquée et défendue tant par son frère que par le secours des vaches bien encornées.


" Le Seigneur irrité l'a lancée contre vous "

L'évêque de Mende, Mgr de Choiseul-Beaupré, envoya, le 31 décembre 1764, un mandement sur la Bête aux paroisses et communautés religieuses du diocèse.
Il évoquait la colère divine et les malheurs qui avaient suivi une longue guerre dévastatrice : mortalité des bestiaux, grêles et orages ayant privé le laboureur du pain nécessaire à sa subsistance…Puis ce fléau extraordinaire qui porte la marque " visible de la colère de Dieu contre ce pays " : " une bête féroce, inconnue dans nos climats, y paraît tout à coup par miracle ", laissant partout des traces sanglantes de sa cruauté ; Bête qui " joint à la force la ruse et la surprise ".Le monstre anthropophage " fond sur sa proie avec une vitesse incroyable…se transporte dans des lieux différents et très éloignés les uns des autres ; il attaque de préférence l'âge le plus tendre et le sexe le plus faible ".
La Bible offre maint exemple, poursuit l'évêque, d'animaux envoyés par Dieu pour châtier les humains : les serpents du temps de Moïse ; les ours qui vengèrent le prophète Elisée en dévorant 42 des enfants qui s'étaient moqués de lui ; le lion qui tua le messager coupable de ne pas avoir tout dit à Jéroboam…
La Bête, " c'est le Seigneur irrité qui l'a lancée contre vous ". Elle exécute les arrêts de mort prononcés par la justice divine. " Si elle tue vos enfants, n'est-ce point parce que vous les élevez mal, dans l'ambition, l'orgueil, le mépris des pauvres ? ". L'évêque stigmatise la coquetterie des filles, " chair idolâtre et criminelle qui sert d'instrument au démon pour séduire et perdre les âmes " et qui mérite ainsi " d'être livrée aux dents meurtrières des bêtes féroces ". Mais l'iniquité n'est pas l'apanage du sexe et de la jeunesse : elle est générale !
Cependant l'animal, si terrible soit-il, " n'est pas à l'épreuve du fer et du feu…Il tombera infailliblement sous les coups qu'on lui portera ", dès que Dieu le voudra. Il faut prier pour hâter cette heure. Le prélat prescrit donc des prières (celles des Quarante heures) dans toutes les églises, pendant trois dimanches consécutifs.
En attribuant à la Bête le caractère d'un fléau divin, l'évêque garantissait l'origine surnaturelle de l'animal !


…Et commence l'année terrible

L'année 1765 est celle qui vit le plus grand nombre de victimes. Mais quand on examine attentivement l'ordre des meurtres ou des attaques ( et ce n'est point d'une complexité telle qu'on ait besoin d'ordinateur ; il suffit de regarder le tableau des victimes dressé) on voit qu'entre plusieurs meurtres commis dans la région de Saugues (Chanaleilles, Grèzes, Chanaleilles, Grèzes) s'en intercalent d'autres commis du côté de Fournels et de Marchastel : repérez les lieux sur la carte et vous trouverez étonnant que la Bête opérant dans les parages de Saugues soit allée entre temps vers l'Aubrac et revenue avec tant de précision sur l'ancien théâtre de ses meurtres ; il est bien plus logique d'admettre qu'elle y est restée et qu'une autre opérait à Saint-Juéry et Maurines.
Le 15, à la Bastide-de Lastic, une vaillante fille de 20 ans, Catherine Boyer, était occupée à répandre du fumier : la Bête s'approchait d'elle en tapinois, lui rongeait une partie du crâne, lui enlevait une oreille. La fille l'empoignait hardiment par une patte ; délivrée à temps, conduite à l'hôpital de Saint-Flour, elle guérissait de ses blessures.
Duhamel, souvent prévenu en retard, ne savait où donner de la tête. Il était d'ailleurs, au début du mois, reparti à Langogne ; mais on l'avait rappelé et le 10 il se trouvait de nouveau à Saint-Chély. De là, il allait battre, vainement, les bois de Saint-Juéry.
Le 23 janvier, entre Julianges et Lorcières, Jeanne Tanavelle, épouse Chabannes, 25 ans, rentrant à son village de Chabanolles à la nuit tombante, se défendit longtemps avec un mauvais couteau contre la " dévoreuse ", qui lui coupa finalement la tête et l'emporta à deux cents pas. Le corps fut retrouvé à demi enfoui, la poitrine mangée : on l'enleva. La Bête revint le lendemain sur les lieux et hurla, dit-on, toute la nuit. Le même jour, à Venteuges, la Bête sautait le mur d'une cour de ferme et emportait un enfant de 3 ans.
En cette fin janvier, les autorités sont vivement émues. On annonce que le roi paiera 6 000 livres à qui tuera la Bête ; Cette prime s'ajoute à celle de 200 livres promise par le diocèse de Mende, 200 par celui de Vivuers, 1 000 par l'évêque de Mende, 2 000 par les Etats Généraux du Languedoc : au total cela fait 9 400 livres, une assez belle fortune pour l'époque.
Mais il nous faut revenir au 12 de ce mois et aux enfants de Chanaleilles.


L'exploit d'André Portefaix

Cinq garçons et deux filles, tous armés d'un bâton avec une lame de couteau fixée au bout, gardaient les troupeaux à la Coustasseire, du Villeret, une village au nord de Chanaleilles. Tout à coup la Bête fut là. Les enfants dégainèrent leurs lames et s'apprétèrent à combattre, dirigés par le plus vaillant, Jacques André Portefaix, 12 ans. Le jeune chef rangea sa troupe en bataille sur trois rangs : lui en tête, avec les deux autres grands garçons de 12 ans, Jacques Coustou et Jean Pic ; les deux filles, 9 ans, au milieu ; au dernier rang les benjamins, 8 ans : Joseph Panafieu et Jean Veyrier.
La Bête tourne pour éviter les lames de la première ligne ; les enfants tournent aussi, pour continuer à lui faire face. Mais elle, plus rapide, saute à la gorge du petit Panafieu qu'elle terrasse. Les trois grands, de leurs piques, l'obligent à lâcher prise. L'animal recule de deux pas, emportant et dévorant un lambeau de la joue droite du garçon ; puis il revient avec plus de fureur, tournoie et saisit cette fois l'autre petit garçon, Jean Veyrier, qu'il renverse. Poetefaix, Coustou et Pic font reculer le monstre à coups de piques : mais il reprend aussitôt le garçonnet et d'un coup de dents lui perce les lèvres. Repoussé encore, il revient à la charge, prend l'enfant par un bras et l'emporte.
Portefaix a l'idée de diriger la Bête vers un bourbier tout proche : il fait signe à Coustou de passer d'un côté, lui passe de l'autre et la manœuvre réussit. L'animal s'arrête bientôt, ses pattes s'enfoncent. Les deux grands le rejoignent. Mais Pic, le troisième grand, découragé, est d'avis d'abandonner la petite victime et de se sauver pendant que la Bête le mangera… "Non ! s'écrie Portefaix. Il faut le délivrer à toute force ! ".
Tous alors suivirent ce capitaine courageux, même le petit à la joue emportée. " Visez la tête, crie Portefaix, les yeux, la gueule… ".
La Bête tient toujours l'enfant sous une de ses pattes, mais sans lui faire de mal, trop occupée à se défendre. Un coup mieux ajusté d'André est efficace : la Bête fait un bond en arrière et lâche l'enfant. André se place aussitôt entre le petit et l'animal. Janou se lève, en s'accrochant à la veste de son sauveur. La Bête monte sur un tertre : ils la suivent. Alors elle abandonne la partie et disparaît.
Pour tant de " courage, de détermination, d'habileté ", André Portefaix reçut du roi 300 livres ; il fit des études payées par l'Etat et devint officier d'artillerie. Les autres enfants se partagèrent 300 livres.


Le Gévaudan lassé des dragons

À Javols, le 1er février 1765, un enfant de 8 ans est enlevé devant la porte de la maison, traîné sur deux cents pas ; poursuivie par le père et par un chien, la bête lâche prise ; l'enfant est blessé au coup, il a l'œsophage ouvert : pourtant il guérira.
La mère était malade au lit ; le père avait d'autres soucis que de prévenir Duhamel…Averti par d'autres voies, celui-ci envoie ses dragons chez le fermier ; ils y passent la nuit, se font bien nourrir, en ayant garde, sans doute, de payer, et au point du jour ils demandent des cordes au malheureux père : c'est pour le garrotter et l'emmener !
M. de Labarthe proteste avec énergie auprès de l'Intendant du Languedoc contre ces brutalités inhumaines dont son fermier a été l'objet : " Les Dragons, dit la lettre, traitent le Gévaudan en pays de conquête, exigent sans payer… Les chevaux, aussi nécessaires qu'une troisième roue à un chariot, détruisent les récoltes… Les plaintes se multiplient et le paysan est au désespoir ". La lettre fait du bruit ; Lafont, alerté, excuse et défend de son mieux Duhamel et ses dragons ; mais ceux-ci sont vraiment devenus indésirables.
Duhamel va pourtant organiser deux grandes chasses ; la première a lieu le 7 février, avec une centaine de paroisses, 73 du Gévaudan et une trentaine de l'Auvergne, soit environ 20 000 hommes. Chaque communauté doit battre son terrain, village par village. Ce jour-là, 15 centimètres de neige couvrent la terre. Entre 10 et 11 heures, la Bête est levée par les chasseurs de Prunières et descend vers la Truyère qu'elle passe à la nage. Sur l'autre rive, personne : les hommes du Malzieu sont restés tranquillement chez eux. Le vicaire de Prunières et 10 paroissiens traversent courageusement la rivière, retrouvent la piste, la perdent dans les grands bois…A 13 heures, le valet de ville et des paysans du Malzieu voient la Bête, la tirent : elle crie, tombe, se relève, disparaît…
Le surlendemain, 9 février, vers 15 heures, ne fillette de 12 ans, Maris-Jeanne Rousset, de Mialanettes ( paroisse du Malzieu), a la tête coupée et emportée par la Bête, que des paysans poursuivent : on retrouve cette tête toute rongée, sauf les yeux. Le corps reste exposé, avec pièges tendus et Dragons embusqués à l'entour : vainement.
Une seconde chasse a lieu le 11 février, malgré la neige et le vent violent ; elle est parfaite et sans incidents, mais aussi sans résultats, bien que les comtes de Morangiès et d'Apcher (avec son fils) y aient participé.
Cependant la communauté du Malzieu reçoit un blâme et son consul est incarcéré.



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La bête du Gévaudan Empty Re: La bête du Gévaudan

Message par Cricri-FB Ven 8 Juin 2018 - 10:25

Un grand chasseur venu de Normandie


Denneval...

L'insuccès de Duhamel ne laissait pas d'inquiéter la Cour, qui décida d'envoyer en Gévaudan un vrai et célèbre chasseur de loups, qui en avait, disait-on, tué plus de 1 200 : le gentilhomme normand Denneval. Son fils, capitaine au régiment d'Alençon, devait l'accompagner. Ils vinrent avec un valet et six limiers de la plus grande taille " parfaits pour le loup " ; un piqueur, et deux chiens ; bien décidés à ne point repartir que la Bête n'eut succombé !
Le 17 février 1765, les Denneval étaient à Clermont et le 19 février à Saint-Flour. Le père avait fait un crochet par la Chapelle Laurent, où la Bête venait d'attaquer, et vu combien kle pays était accidenté : " Cette Bête, écrivait-il, n'est nullement facile à avoir ! " Il notait déjà : " elle ne marque que quatre doigts à la patte, comme un loup… "Et aussi : " Comme il y a beaucoup de loups, peut-être leur donne-t-on le nom de Bête ! ".
Les Denneval étaient en Gévaudan début mars et leur plus grand souci fut de faire décamper Duhamel et ses dragons, pour avoir l'exclusivité de la chasse et des primes promises. Ils firent intervenir, depuis Versailles, le Contrôleur Général l'Averdy ; et bientôt Moncan rappelait Duhamel, qui gagnait, le 8 avril, avec ses dragons, sa nouvelle affectation à Pont-Saint-Esprit. Le curé d'Aumont, Trosselier, dans sa relation manuscrite, a porté sur Duhamel ce jugement : " Il se donna beaucoup de peine et ne fit rien ".
Durant le mois de mars, les Denneval se mettaient lentement à l'ouvrage et les morts se faisaient plus nombreuses. Le 8, à Albaret-le -Comtal, par exemple, une fillette de 10 ans est dévorée : la Bête lui coupe la tête, lui mange un sein, une épaule, un bras. Elle se fait de plus en plus hardie. Le 13, à Albaret-Sainte-Marie, on lui arrache le petit garçon qu'elle avait saisi devant sa porte : furieuse, elle égorge en partant un cochon et un mouton. A Prunières, ce même jour, elle prend un autre petit garçon qu'on lui arrache.


Le combat héroïque d'une mère pour sauver son enfant

Jeanne Chastang, épouse Jouve, habitait le mas de la Veyssière, près du Rouget, paroisse de Saint-Alban. Agée de 35 à 40 ans, " de faible et mince complexion ", cette mère de six enfants avait, ce 13 mars, les trois derniers prendre le repas de midi au soleil, dans le jardin, à 10 pas de la maison. Ils revenaient : le petit de six ans marchait devant elle; sa fillette, 9 ans, la suivait, portant le dernier-né, 14 mois.
Soudain, Jeanne entend une pierre tomber de la muraille et se retourne : sa fille , serrant toujours le bébé, est à terre et la Bête la tient par un bras. Vite, elle se jette sur l'animal. La fillette, délivrée, se relève. La Bête se retourne alors vers le garçon de six ans : la mère se place devant lui, reçoit le choc de l'animal qui la renverse pour s'élancer sur le petit.
La femme Jouve s'est relevée…et va livrer un combat que décrit en détail le curé de Saint-Alban, Béraud, dans une lettre à l'évêque datée du lendemain.
" Elle s'élance de côté sur l'animal, le serre de ses genoux et lui prese le col contre sa poitrine de ses faibles bras. L'animal tombe et s'agite et secoue cette femme, qui se relève et revient au combat. Ce combat recommence jusqu'à huit et dix fois ". Jeanne est griffée sur tout le corps, jetée à terre plusieurs fois. Enfin, la Bête emporte l'enfant au bout du jardin. Armée d'une pierre, Jeanne " vole " sur l'animal et lui frappe la tête à coups répétés.
Elle est encore renversée. La Bête, avec sa proie, s'apprête à franchir la clôture de broussailles pour sauter dans le pré, deux mètres plus bas. Jeanne saisit la Bête par la queue et saute avec elle. Elle tente de dégager la tête de l'enfant prise entre les crocs du monstre ; mais l'animal lui souffle avec violence au visage et se sauve sans lâcher l'enfant, à travers prés. Elle a bientôt cent pas d'avance sur la mère.
Par bonheur les cris de Jeanne sont entendus de son fils de 13 ans, qui se trouve à la porte de l'étable. Il accourt avec le chien, hallebarde à la main.
Le dogue assaille la Bête à la tête et la renverse à terre. " Le garçon donne à la Bête par derrière un coup de sa hallebarde, qui n'entre point ; mais la Bête a lâché l'enfant et monte en un champ. Le chien…l'attaque encore ; mais l'animal le rejette à quatre pas et disparaît. Le petit garçon se relève couvert de son sang et court vers sa mère ". Il a le nez déchiqueté, la peau du crâne emportée ; il mourra trois jours plus tard. La mère et la fillette n'ont aucune plaie.
L'héroïsme de cette femme émut le roi lui-même, qui lui fit donner une gratification de 300 livres. Et les estampes représentèrent à l'envi sa lutte héroïque.
Le 29 mars, au Cheylaret, de Javols,le petit François Fontugne, 9 ans, fut emporté à travers bois et réduit dit le registre de la paroisse, " en u état d'horreur " : poitrine et ventre ouverts, cœur et poumons mangés, crâne rongé. Près des restes exposés, les chasseurs attendirent, sans résultat, toute la nuit suivante.


Ni troupes, ni armes les seuls Denneval

Aux Etats Particuliers du Gévaudan, réunis à Mende, le 26 mars, le syndic Lafont préconisa diverses mesures : demander à la province un corps de troupe de 1 000 à 1 200 hommes pour surveiller les passages et diriger les battues,--corps que pourrait commander un officier du pays, le comte de Morangiès ; lancer une centaine de bons braconniers, par groupes de quatre au plus, à la chasse de la Bête ; organiser, dans les villages, la garde en commun des troupeaux par deux ou trois hommes armés, en laissant à la maison les enfants, victimes désignées…
L'Intendant répond : ni troupes ni armes ; il faut laisser agir Denneval, doté des pleins pouvoirs, en lui donnant toutes facilités.
Lafont, docile fonctionnaire, demande par circulaire du 12 avril aux consuls des Communautés (ou paroisses) : de prévenir Denneval par exprès, dès qu'une personne est égorgée ou blessée; de laisser les cadavres sur place; de préparer une grande battue pour le dimanche 21 avril, où l'on traquera " aussi " les loups rencontrés.
A Mende, gentilshommes et gens importants du pays offrent leur aide bénévole aux Denneval : mais ceux-ci, visiblement, ne tiennent guère à ces concours.
En ce mois d'avril 1765, on mentionne six ou sept victimes.
Après la première grande chasse des Denneval, le 21 avril, qui réunit vainement 20 paroisses, une autre battue eut lieu le 23 ; une louve, levée près d'Arzenc de Randon, fort maltraitée par les chiens--elle en mit cependant deux hors de combat !-fut trouvée à bout de forces dans un bois de la Panouse ; chacun des paysans la gratifia d'un coup de baïonnette. Portée à Mende, elle fut ouverte par un chirurgien et un médecin : on lui trouva dans les boyaux plusieurs os rongés (d'humains ou de bêtes, ce fut impossible à dire), trois chiffons de toile à chemise, deux lambeaux rouges de tabliers. Elle ne pesait que quarante et quelques livres et n'avait pas encore porté ; mais on pouvait avec quelque raison, la soupçonner d'anthropophagie.
Le 30 avril, une chasse générale mobilisa 56 paroisses. Les chasseurs, en refermant un vaste cercle, devaient tous converger vers le Truc de la Garde, entre Saint-Privat du Fau et Chanaleilles. Ils pataugèrent en vain dans la neige jusqu'à mi-jambe. Ceux de Saugues, cependant, virent " la Bête ", comme ils rentraient chez eux et la tirèrent ; elle se sauva à la faveur de la nuit, dans les bois de Servières.


La Bête blessée par les Marlet de la Chaumette

Le 1er mai, la Bête se manifesta à la Chaumette, à trois km à l'est de Saint-Alban. Nous avons plusieurs relations de cette journée mémorable : la plus précise est celle de Trophime Lafont, le frère du syndic.
Les frères Marlet, de la Chaumette, étaient tous trois, ce jour-là, dans leur maison. Un berger de 15 ans gardait les vaches, à 250 pas de l'habitation. L'aîné des Marlet vit soudain la Bête, assise sur ses pattes de derrière, épiant le berger. Il appela vite ses deux frères, dont l'un était ecclésiastique. La Bête entendit…elle traversa le pâturage, à découvert.
Les trois frères sortent avec leurs fusils et l'abbé tente de rabattre l'animal vers les deux autres, qui sont allés s'embusquer sur une hauteur dominant la Devèze. La Bête s'esquive mais tombe sur des paysans et doit revenir en arrière. Le cadet des marlet la tire à 67 pas : le " lingot " la touche et la fait rouler sur elle-même deux ou trois fois. L'aîné approche et, à 52 pas, tire : c'est un coup à trois balles. La Bête tombe, se relève, et s'enfuit, en perdant beaucoup de sang : ce sang jaillissait vers la droite, à près d'un mètre de la piste, " avec autant d'abondance que celui d'un cheval qu'on a saigné au col ".
Et pourtant elle échappe ! La nuit vient, on doit cesser la poursuite. Les Denneval sont là le lendemain : on relève des traces de sang à onze endroits précis.
L'aîné des Marlet, de la Chaumette, a la réputation d'un homme sérieux et d'un excellent tueur de loups ; il est persuadé que la Bête, dont le col était ensanglanté, ne peut survivre.
Cependant la série d'attaques au nord-est du mont Mouchet ne s'est pas interrompue. Le 2 mai, au Pépinet, de Venteuges, une femme de 50 ans est tuée : la Bête, dit le comte de Morangiès, " lui a coupé le sifflet d'un seul coup " : en fait, u coup de dents a percé le gosier, un autre enlevé une joue. Lafont supposera, avec raison, qu'il s'agit d'une bête différente.


Un jour de foire au Malzieu

La journée du 24 mai est tragique. C'est, au Malzieu,la grande foire du jardinage. Pendaant que les paysans se pressent autour des bestiaux et que les femmes s'affairent près des étals, une fille de 20 ans, Marguerite Martin, est attaquée, à 8 heures du matin, un peu au nord de Saint-Privat du Fau et blessée dangereusement . Deux bovins la délivrent, mais le curé vient la confesser sur place et elle mourra trois jours après.
La Bête, privée de sa proie, s'en va attaquer, à un km au nord, un garçon de 11 ans, à Amourettes, de Julianges : le garçon, heureusement, est secouru. La Bête fait encore un km vers l'ouest et au Mazet, de Julianges - le village natal de l'abbé Pourcher - elle attaque un garçonnet et une fillette : lui se défend avec un petit couteau ;mais elle, Marie Valès, 13 ans, est dévorée " avec fureur " ; le cadavre, décapité, est traîné au plus épais du bois ; le tronc et les cuisse sont en partie dévorés. Denneval fera empoisonner les restes, mais c'est paine perdue. On les enterre le cinquième jour.
L'impuissance des Denneval, face à tous ces massacres, devenait de jour en jour plus éclatante. Une lettre du comte de Morangiès à Lafont, datée du 3 mai, flétrit " l'effronterie de ces normands, qui n'ont d'humain que le nom ". Les habitants de Saint-Alban et de Saugues, souligne le vieil officier, sont indignés : on les emploie des jours entiers à des chasses lointaines, mal organisées. Encore si ces " gens-là " payaient de leur personne ! Mais ils songent surtout à un gain sordide, ces aventuriers, occupés " à vider des pots avec la crapule du Malzieu ".
Lafont transmet ces doléances à Saint-Priest dans une lettre du 23 mai ; et cet homme toujours si bienveillant se montre cette fois sevère pour les chasseurs venus d'Alençon. Denneval est vieux, explique-t-il, et ne s'éloigne guère du Malzieu, sa résidence. Lui qui a tué tant de loups en Normandie n'a pu, depuis trois mois, en tuer un seul dans le Gévaudan, " qui en est cependant bien pourvu " ! Il semble redouter d'exposer ses chiens, d'ailleurs trop faibles pour de telles chasses…Par leur ton de supériorité, le père et le fils ont choqué beaucoup de monde. On les dit bien protégés par le ministre, ce qui expliquerait leur superbe. Ils se flattent d'avoir massacré beaucoup de loups : or " chaque année à cette époque on en tue dans le diocèse une quarantaine en deux mois ".


Suggestions et offres de service pour détruire la Bête

Emus de compassion pour " les pauvres arriérés du Gévaudan " ou excités par la convoitise de la prime, un certain nombre d'esprits ingénieux et plus souvent farfelus proposent leurs " inventions " pour anéantir le fléau ; on le voit par une douzaine de lettres copiées par l'abbé Pourcher à la Bibliothèque Nationale, et qui furent écrites de février à juin 1765.
Puisque la Bête semble affectionner " le sexe ", l'un propose de placer " sur des piquets pliants des femmes artificielles ", soigneusement empoisonnées. Un autre songe à des femmes de paille, avec un foie véritable, mais un foie de veau ou de mouton, bien empoisonné au préalable. Un troisième suggère la construction d'une cage en fer, avec un bon appât à l'intérieur, et une herse qui tombera, une fois la bête entrée. Un quatrième veut aménager huit fosses en octogone, avec autant de guérites.
Mais puisque la Bête est si friande de la chair des enfants, il faut placer, entre deux pièges, une statue qu'on aura vêtue comme un enfant…Tel autre est d'avis qu'on habille en enfant un mouton vivant, solidement attaché à un pieu, debout sur ses pattes de derrière ! A ces extravagances, les autorités, souvent, dans leur grand souci d'urbanité, ont pris la peine de répondre.


Meurtres en série et chasses désordonnées

Les Denneval continuaient leurs chasses à l'aventure. Le 12 juin, de la Vachèlerie à Diège et aux bois du Besset ; le 13, vers Pébrac et le Bois Noir, puis vers Julianges, Paulhac et Saint-Privat ; le 16, sur la paroisse de Julianges. La Bête, ce jour-là, est lancée, poursuivie et se jette au passage sur une fille Baret, de 10 ans, qui gardait les bœufs, et ses bœufs la secourent ; elle s'en tire avec quelques égratignures. Plus loin, la Bête attaque une autre fille qui gardait les porcs : et les porcs se ruent ensemble sur la Bête qui décampe et qui gagne les bois de Lorcières, où on la perd.
Le 21 est un jour noir : dès 8heures du matin, au Pépinet, de Venteuges, un garçon de 8 ans est mangé en partie et sa tête emportée. Quelques heures après une femme de 45 à 50 ans est tuée près de Sauzet : la Bête la dévore à demi et emmène la tête et un bras. Deux autres victimes de ce jour-là seront sauvées : notamment la fillette de 12 ans de Tombebis (Clavières), qui, emportée, n'abandonne pas sa quenouille ; le fil se déroule tandis que la Bête, agile, saute plusieurs clôtures d'un bois. Le frère de la fillette entend ses cris, suit ce fil d'Ariane, la retrouve à 250 pas et enfonce sa baïonnette dans la gueule de l'animal qui s'enfuit.



http://perso.orange.fr/mickael.lukas/page2.htm

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Message par Cricri-FB Ven 8 Juin 2018 - 10:25

Antoine de Beauterne, chef des chasses de Louis XV


La mission des Denneval s'avérait un échec. Le roi Louis XV, fort mécontent, décida d'envoyer en Gévaudan, pour mettre un terme " aux désastres ", son porte-arquebuse Antoine de Beauterne, le lieutenant de ses chasses. Antoine fut invité à choisir les meilleurs chasseurs parmi les gardes des capitaineries royales de Versailles et de Saint-Germain en Laye, parmi les hommes du duc d'Orléans, du duc de Penthièvre et du prince de Condé.
Antoine en prit quatorze, dont son neveu Rinchard, et entre autres Lacour, Pélissier, Lachenay, dont nous verrons les noms reparaître. Accompagné de son fils cadet, " de Beauterne ", Antoine devait partie le 8 juin 1765 ; il emmenait quatre des meilleurs limiers du roi, qu'un cheval ou un mulet avec son bât porterait dans des paniers, et deux valets pour s'occuper des chiens. Il allait travailler " à la destruction de la bête féroce ".
Les Intendants d'Auvergne et de Languedoc reçurent toutes les instructions voulues (même de préparer pour le nouveau chasseur douze douzaines de pétards que les gardes tireraient dans les bois pour épouvanter la Bête) et Antoine arriva un beau jour à Saint-Flour et de là gagna directement le Malzieu, où les Denneval, prévenus, l'attendaient ; ils l'avaient convié à la chasse prévue pour le 23 juin, sur la montagne.
De fait, les premières semaines, Denneval père et fils, qu'on n'a point rappelés, vont s'efforcer de collaborer avec Antoine père et fils. Tout au moins les deux groupes opéreront côte à côte, en essayant de ne point se gêner.
Lafont, prévenu, s'est rendu aussitôt près d'Antoine, qu'il a rejoint le lundi 24, à Saugues. Il va se mettre en quatre pour régler tous ses problèmes et satisfaire tous ses désirs.
Antoine veut établir sa troupe au cœur même des paroisses où la Bête fait le plus de ravages. Lui-même avec son fils s'installe au village de Sauzet, paroisse de Venteuges (il y restera du 26 juin au 24 juillet) ; il loge quatre de ses gardes à Venteuges même, sept à Combret, les autres à la Barthe, près la Besseyre-Saint-mary. Tous cantonnent chez l'habitant, où ils sont cordialement accueillis : car ils semblent fort honnêtes et paient bien ce qu'on leur fournit.
Les maires et consuls sont invités partout à procurer le logement à Antoine, à ses hommes, à ses chevaux ; à leur fournir des guides, des gens pour aller quérir leur approvisionnement, des ouvriers pour creuser les affûts, les tireurs et batteurs demandés pour les chasses.
Antoine, dans son abondante correspondance, montre une grande courtoisie. Il comprend les paysans, compatit à leur misère, vit au milieu d'eux en gagnant leur sympathie.


Saignée par la Bête

Depuis le 21 juin, la Bête n'avait pas sévi ; elle reparut le 4 juillet 1765, en attaquant une femme de 68 ans, Marguerite Oustallier, au village de Broussoles, entre Lorcières et Chaulhac. C'était entre onze heures et midi. Elle gardait ses vaches en compagnie d'une fillette de 12 à 13 ans. " La Bête sauta sur la vieille qui était assise et filait, la prit par le col, lui perça les deux jugulaires et lui déchira avec les ongles la partie charnue des joues, au point que tous les muscles en étaient détachés. La Bête se contenta de lui sucer le sang et elle ne prit la fuite que par les cris de la petite fille ". " Trouvant apparemment sa chair peu succulente, elle en mangea si peu que ce n'était pas la peine de l'avoir tuée ", écrivait un Marvejolais anonyme.
Antoine ne fut averti du meurtre que le lendemain à midi. Et le 6 au point du jour, il se transporta sur les lieux avec ses limiers : " Nous avons vu beaucoup de sang, son chapeau et ses habits déchirés et nous avons reconnu qu'elle avait été traînée quatre toises ". Là où le terrain était dur, il n'a " aperçu que les ongles d'un grand loup ".
Soudain, est arrivé tout essoufflé un consul de Lorcières : " tout ce village était en alarmes par les hurlements d'une bête ". Antoine, avec sa troupe et ses limiers, s'y transporte sur le champ. L'examen des traces révèle le passage " d'un grand loup et d'une louve qui l'avait rejoint " : le loup hurlait sans doute pour la rappeler.
Antoine voudrait bien résoudre ce problème essentiel : y-a-t-il une Bête dévorante ou tous ces ravages sont-ils causés par des loups ? Il est opposé aux poursuites de la Bête meurtrière : si on la fait fuir à deux lieues et plus, il devient impossible de la débusquer, tandis qu'un animal repu ne s'éloigne guère et se fixe au premier endroit où il trouve une bonne demeure.
Mais le mauvais temps reste le grand ennemi des chasseurs : " il a presque toujours plu depuis notre arrivée et il pleut encore à verse…Des brouillards très épais…ont duré des jours entiers ". Par ailleurs, c'est l'époque de la fenaison ; bientôt on coupera les seigles. Antoine, pour ne pas trop déranger les paysans, se promet de ne les employer aux battues que les dimanches et fêtes.
Si, au début, Antoine et Denneval avaient paru bien s'entendre, leurs méthodes divergeaient fort. Tandis que les Denneval multipliaient les battues, en réquisitionnant les paysans, Antoine était partisan des affûts silencieux, pendant la nuit, et voulaiit poster, le jour, des gardes aux passages de la Bête.
Bientôt un ordre de Paris mettait fin à la mission des Denneval, qui partirent le 18 juillet et gagnèrent le Puy, où ils retrouveraient " leur chaise " pour la suite du voyage. Ils laissaient peu de regrets dans le pays.


Toutes les traces sont des traces de loups

Dans son " Mémoire " destiné aux Intendants d'Auvergne et de Languedoc, Antoine est formel : toutes les traces relevées sur les lieux de carnage de la Bête n'offrent " aucune différence avec le pied d'un grand loup ". Etant donné la nature du terrain, accidenté à l'extrême, avec de profondes coupures, de fortes dénivellations, de dangereuses fondrières, Antoine demande un renfort de chiens, un limier et trois bons chiens courants pour loups ; deux chiens aboyeurs et la lice Dorade ; trois grands et forts lévriers à gros poil ; et trois gardes qu'il connaît bien : Maréchaux, Chabeau et Duvaux. Il lui faudrait aussi " douze bons et sages sergents avec un officier d'infanterie ", afin de diriger et d'encadrer les paysans au cours des battues et pour les empêcher, à l'occasion, de s'esquiver.
Lafont appuie toutes les demandes d'Antoine, dont il ne peut assez louer l'activité, le zèle, le dévouement : " il serait bien fâcheux qu'il arrivât quelque accident à un aussi galant homme ! ".
Si les secours de Paris tardèrent à arriver, un gentilhomme du Haut Vivarais, le comte de Tournon, vint se joindre à Antoine dans les premiers jours d'août, avec tout son équipage : un piqueur, trois cors de chasse et une meute de 19 chiens, conduite par deux valets. Les deux hommes fraternisèrent et ne se quittèrent plus.


La pucelle de Paulhac

Antoine résolut une grande battue pour le dimanche 11 août. Ce jour-là ce fut une fille de Paulhac de 19 ou 20 ans, Marie-Jeanne Valet, la bonne du cure Dumont, qui eut le redoutable honneur de rencontrer la Bête. Mais la fille était " robuste, hardie, adroite ".
Elle allait de Paulhac à la métairie de Broussous, à 1 500 mètres au sud, avec sa cadette Thérèse ; Dans une île formée par les deux bras d'u ruisseau, affluent de la Desge, la bête s'élança soudain sur Marie-Jeanne : celle-ci, armée du traditionnel bâton à baïonnette, lui en porta un coup au poitrail, de toute sa force, la bête hurla, leva vers sa blessure une patte de devant et se jeta à l'eau ; Elle s'y roula plusieurs fois, avant de disparaître.
Antoine se rendit sur les lieux ; il vit la baïonnette encore teinte de sang sur trois pouces de longueur, constata que la bête avait passé et repassé plusieurs fois la rivière et reconnut ses traces : toujours " le même loup ", celui des derniers ravages. Marie-Jeanne lui décrivit l'animal : " de la taille d'un gros chien ; beaucoup plus gros par devant que par derrière ;…tête très grosse et très plate, gueule noire, de belles dents, le collier blanc, le col gris et le dos noir ".
Dans une lettre au ministre, Antoine exalte l'exploit de celle qu'il nomme " la pucelle du Gévaudan "…qui peut-être a blessé mortellement la Bête…en tout cas l'a sérieusement affaiblie…Il souhaite que la sinistre tragédie arrive vite au dénouement !


Jean Chastel et ses fils se moquent des gardes-chasses

A la chasse générale du 16 août, un regrettable incident eu lieu au bois de Montchauvet, paroisse de Servières. Trois paysans, Jean Chastel et ses deux fils Pierre et Antoine, de la Besseyre-Saint-Mary, y participaient comme tireurs, chacun avec son fusil.
Deux gardes-chasse d'Antoine passèrent près d'eux à cheval : Pélissier, de la capitainerie royale de Saint-Germain en Laye, et Lacheney, qui portait les couleurs du duc de Penthièvre. Avant de s'engager dans un couloir herbeux entre deux bois, ils demandèrent à Chastel père si l'endroit n'était pas marécageux. Aucun danger ! leur répondit l'homme. Pélissier poussa alors son cheval et soudain le sentit s'embourber : il fut désarçonné et plongea dans la boue jusqu'à la ceinture. Lacheney, derrière lui, hésitait. Les Chastel,au lieu de secourir le malheureux garde, riaient comme des fous.
-- Bougres de coquins ! leur crie Pélissier.
Ils lui répondirent des sottises. Pélissier, avec l'aide de Lacheney, sort du bourbier, s'essuie avec une poignée d'herbes, et saute au collet du plus jeune des Chastel, sans doute le plus insolent, qu'il veut conduire à son chef.
Alors le père et le frère aîné couchent le garde en joue. Il lâche prise et aussitôt le plus jeune à son tour braque son arme sur lui. Le second garde, Lacheney, après avoir tiré le cheval de la fondrière, saisit au collet le père Chastel et le fait pivoter pour détourner son fusil. A son tour, il est mis en joue !
Les deux gardes battent en retraite et vont tout conter à leur chef .Ils consignent dans un procès verbal leur malheureuse aventure et le lendemain les trois Chastel sont conduits, par ordre d'Antoine, à la prison de Saugues, car " ils méritent réellement punition " : et le porte-arquebuse de roi demande aux juges et consuls de la ville : " Ne les laissez sortir que quatre jours après notre départ de cette province ".
Jean Chastel, deux ans après, devait tuer le dernier grand loup, la vraie, la seule bête du Gévaudan, selon l'abbé Pourcher. Et peut-être à cause de ce regrettable incident on ne fit guère cas de son exploit, en haut lieu. Ces trois paysans ne voulaient sans doute que rire aux dépens de ces messieurs à cheval dans leurs beaux uniformes. Mais la plaisanterie finit mal, à la suite de menaces réciproques.
Cette famille des Chastel, on la connaît assez peu. Le père avait alors la soixantaine. François Estaniol, maire de Saugues, qui a chanté en vers inédits la gloire de Jean Chastel, ami de son père, en fait un portrait flatteur : teint vermeil, sourcils noirs et arqués, port grave, voix cordiale, il portait une veste brune à gros boutons de métal ciselés, et une culotte courte à boucles d'argent.
Mais d'après Antoine de Beauterne, les gens du pays considéraient les Chastel comme de mauvais sujets, vindicatifs et violents. Selon la tradition, on tenait le père, dit " la Masque ", pour un sorcier ( comme d'ailleurs tous les habitants de la Beyssère) ; et son jeune fils, Antoine, aurait eu une jeunesse aventureuse, chez les huguenots du Vivarais, les galériens de Toulon, les pirates d'Alger…Revenu au pays, il menait une vie de sauvage, dans des cabanes au fond des bois.


Après les fêtes d'août massacres de septembre

On fêta la Saint-Louis, 25 août, à la Beyssère, par des salves de mousqueterie, des sonneries de cor, un feu d'artifice.
Mais le 13 septembre, une fille du Pépinet ( Venteuges) fut égorgée dans les bois ; on n'en retrouva que les coiffes et le bâton fiché en terre, près des sabots. Le lendemain à l'orée du bois, on découvrit ses restes. François Fabre a décrit, d'après la tradition, la scène poignante qui suivit : la mère se jetant " sur ces débris ensanglantés qu'elle serait en poussant des cris déchirants " ; le père gémissant " de n'avoir pas su garder auprès de lui sa fille ". Et tandis qu'on veillait la petite victime, les parents, amis, voisins " venant soulever un coin du voile et regarder une dernière fois cette masse informe et sanguinolente, ces lambeaux de vêtements déchiquetés…ces débris sans nom qui pénétraient d'horreur tous les assistants ". Cris, sanglots déchirants se renouvelaient " chaque fois qu'entrait un nouvel arrivant ". Même les hommes, " endurcis par les intempéries et les rudes labeurs de la glèbe ", ne pouvaient retenir une larme furtive.


Sur l'autre rive de l'Allier la mort du loup des Chazes

Antoine se désespérait. Il écrivait le 16 septembre à l'Intendant du Languedoc pour regretter que " le secours des chiens de la louveterie " ne fut point encore arrivé et déplorer son " malheur de ne pouvoir réussir jusqu'à présent ".
Mais avant même que la lettre ne partît, il ajoutait un post-scriptum tout joyeux, annonçant l'arrivée de deux valets et douze chiens…ces chiens tant attendus !
Dès le lendemain,17 septembre, une attaque de la Bête était signalée, assez loin du mont Mouchet, sur l'autre rive de l'Allier, au village de Pommier : une jeune mère, Jeanne Valette, berçant son enfant devant la porte de sa maison, avait vu la Bête approcher en tapinois à vingt pas ; s'élançant avec sa baïonnette, elle l'avait blessée à l'épaule et mise en fuite. Prévenu, Antoine se transporte le 21 avec tout son personnel et 40 tireurs venus de Langeac et des paroisses voisines, dans les bois de Pommier, où ses hommes, trois jours plus tôt, ont débusqué un grand loup, une louve et trois louveteaux. Ces bois dépendent de la réserve de l'abbaye royale des Chazes.
Quand tireurs et gardes sont tous en place, valets et chiens " foulent " le bois. Antoine s'était bien posté, à la croisée de quatre sentiers : c'est vers lui que le grand loup arriva.
Selon son propre procès-verbal, il lui envoya, à 50 pas, un coup de sa " canardière ", chargée de cinq charges de poudre et de 35 postes à loup et d'une balle de calibre. Le loup fut touché à l'œil et à l'épaule ; mais il se releva, et comme Antoine n'avait pas eu le temps de recharger, ce fut Rinchard qui l'acheva, alors qu'il arrivait à 10 pas d'Antoine. L'animal fit encore 25 pas et tomba raide mort.
Tous les chasseurs accoururent à l'hallali ; ils n'ont jamais vu un loup comparable à celui-ci : " ce pouvait bien être la Bête féroce " responsable de tant de ravages.
On charge la dépouille sur un cheval, on l'amène au Besset. Un chirurgien de Saugues, le sieur Boulanger, l'ouvre en présence de nombreux témoins. On ne trouve pourtant à l'intérieur aucun vestige d'être humain. Des personnes attaquées par la Bête, comme Marie-Jeanne Valet, de Paulhac, reconnaissent que c'est bien l'animal qui a voulu les tuer.
Dès le 22 septembre, Antoine envoie son fils porter le loup à l'Intendant d'Auvergne, avec une lettre disant : " J'ai dressé le procès-verbal à la hâte, vu l'état de puanteur de ce grand loup ".
Le 23, Ballainvilliers répond à Antoine pour le féliciter, il va faire embaumer le grand loup. Le 1er octobre, le fils Antoine arrive à Paris avec le trophée.
Une lettre de Madame Antoine à son mari, datée du 30 septembre, laisse exploser une joie inexprimable : " Le roi ne fait que parler de cela toute la journée ". Sa Majesté a lu elle-même le procès-verbal de son porte-arquebuse devant toute la Cour ! Madame Antoine a hâte de voir revenir son héros, dont le roi ne peut assez " vanter les belles actions " : il se plaît à évoquer les dangers dont Antoine l'a tiré, dans les chasses au sanglier ou au cerf.
L'abbé Pourcher, qui croit à une Bête unique, fléau de Dieu, tuée par Chastel, voit d'un mauvais œil le triomphe d'Antoine et déjà le minimise. Pourrat, encore plus chauvin, va plus loin et soupçonne Antoine d'avoir monté de toutes pièces une vaste comédie. Pour Xavier Pic rien ne permet de soupçonner la probité d'Antoine.
Il ne se flattait pas d'ailleurs d'avoir tué " la Bête " : pour lui tous les massacres étaient l'œuvre de loups et ce grand loup des Chazes, parmi d'autres, avait sans doute pris une part active aux dernières tueries.
Dès le 24 septembre, Antoine est revenu du Besset aux Chazes : il veut débarrasser le pays de la louve et des trois jeunes loups.
Le dernier louveteau est tué le 17 octobre. A cinq ou six mois, il était déjà plus fort que sa mère, et la mâchoire armée de quatre crochets à l'avant, quatre en arrière.
Antoine resta encore quelques jours sur la Margeride. Il en partit le 3 novembre, confiant dans le succès de sa mission ; depuis près de deux mois, nul n'avait plus été attaqué par " la Bête ". Il reçut du roi la croix de Saint-Louis, mille livres de pension et put mettre dans ses armes la Bête du Gévaudan.


De septembre 1765 à mars 1766 une seule victime

Le 26 novembre, Lafont écrivait à l'Intendant du Languedoc : " On n'entend plus parler de rien qui ait rapport à la Bête ".
Mais en cet automne 65 et au printemps 66, dans le Soissonnais et le Verdunois, comme dans le Forez, il y eut des personnes attaquées et d'autres dévorées, si bien que le Contrôleur Général des Finances, l'Averdy, recommandait partout d'utiliser le poison pour détruire " ces loups carnassiers ".
De la fin septembre 1765, date où Antoine tua le loup des Chazes, jusqu'à mars 1766, on ne signale qu'une victime, à Lorcières. En mars, il y en a deux.
Aux Etats particuliers du Gévaudan, qui se réunirent le 24 mars à Marvejols, le syndic Lafont rappela les derniers drames et précisa qu'on luttait désormais contre les loups en empoisonnant des cadavres de chiens " avec de la noix vomique, du verre pilé, de l'oignon de colchique et de l'éponge frite ".
On trouva près de Montchauvet un jeune loup mort, empoisonné. Ce fut le seul. La méthode n'avait guère d'autre effet que de dégager pendant des semaines des odeurs pestilentielles.
Les meurtres officiels de l'année 1766 sont peu nombreux : moins d'une dizaine. Pourtant l'abbé Pourcher raconte des prouesses de la Bête en cette période, connues par la tradition : comme l'histoire de la fille Fournier, de Saint-privat du Fau, remplissant sa cruche à la fontaine…la Bête avait posé ses pattes sur son dos et elle croyait à une plaisanterie du soldat Martin…Ou l'histoire de la femme Merle, de Servières, à qui la Bête avait crevé les yeux ; et sur les poursuivants elle recrachait le sang de cette femme, à pleines gorgées.


Mais au printemps 1767

Les meurtres reprenaient sérieusement au printemps 1767, dans les alentours du mont Mouchet ; Le 2 mars, une fillette de 9 ans, Marie-Anne Pascal, de Darnes (la Beyssère) ; en avril, six victimes, des enfants de la Beyssère, de Grèzes, de Nozeyrolles, de Saint-Privat du Fau.
En mai, cinq nouvelles victimes, aux même lieux, dont Marie Denty, de Sept Sols, paroisse de la Beyssère. A l'occasion de ce décès, apparaît pour la première fois la signature de Jean Chastel et de son fils aîné Pierre : tenus jusqu'alors à l'écart, suppose Xavier Pic, ils deviennent alors dans la paroisse des personnages de premier plan parce qu'ils se sont amendés.
Il se peut. Mais leur algarade avec les gardes d'Antoine, qui les avait conduits en prison, n'avait guère pu entacher leur honneur, aux yeux de leurs compatriotes. C'était sans doute une famille de braconniers. Sorciers ? Tous dans la paroisse avait cette réputation : c'était trop courant à l'époque pour paraître bien grave.
Mais voici les dernières victimes de la Bête…Une dont la mort n'est point datée, une femme de 40 ans, de la Roche, de Saugues, qui menait ses vaches au champ ; se souvenant soudain qu'elle avait oublié sa prière ce matin-là, elle se mit à genoux près d'un arbre ; des vachers, des bouviers du voisinage la virent soudain se débattre sous les crocs de la Bête et ne purent la secourir à temps.



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Message par Cricri-FB Ven 8 Juin 2018 - 10:26

Le jeune marquis d'Apcher et Jean Chastel


Les pouvoirs publics n'envoyaient plus de chasseurs en Gévaudan, mais seulement du poison ! Le jeune marquis d'Apcher - il n'avait que 19 ans en 1767 - avait pris le relais des Duhamel, des Denneval et des Antoine : il fit de nombreuses chasses, à se frais, " sans qu'il en coutât rien au pays ", comme l'en félicite, dans sa Relation, le curé d'Aumont, Trossellier.
Deux pèlerinages eurent lieu, au printemps ou au début de cet été1767 : l'un à Notre Dame d'Estours, près du château de Besques, où résidait le marquis d'Apcher, à 8 km à l'est de Saugues ; l'autre à Notre Dame de Beaulieu, à 3 km au sud-est de Paulhac. L'affluence était si nombreuse qu'on célébra la messe en plein air, dans les prés.
La tradition, dont s'est fait l'écho l'ancien maire de Saugues, Estaniol, veut que Jean Chastel ait fait bénir à cette messe son fusil et trois balles, des balles qu'il aurait fondues lui-même avec ces médailles de plomb de la Vierge que l'on portait alors accrochées à la ganse du chapeau.
Sur la chasse du 19 juin, où Jean Chastel devait tuer " la Bête ", un document des Archives nationales, exhumé en 1958 seulement par Elise Seguin, est venu mettre un terme à toutes les approximations des historiens : c'est le rapport dressé, le lendemain de la mémorable chasse, au château de Besques, par le notaire royal Marin, de Langeac, en présence du marquis d'Apcher, du comte son père et de nombreuses personnalités.
Le notaire nous apprend que la Bête avait encore paru " dans la paroisse de Nozeyrolles et la paroisse de Desges, le 18 juin et dévoré un enfant ce jour-là ". Averti, le marquis d'Apcher partit ce même jour à 11 heures du soir " avec quelques chasseurs de sa maison et quelques autres de ses terres…en tout au nombre de douze ". " S'étant transporté dans sa forêt, sur la montagne de la Margeride ", il posta ses gens, battit cette forêt, puis celle du marquis de Pons.
" L'animal féroce " se présenta, sur les 10 heures ¼ du matin, le 19, "à un des chasseurs, nommé Jean Chastel, du lieu et paroisse de la Beyssère, lequel tira un coup de fusil à cet animal, duquel il tomba mort au bord de la forêt appelée la Ténazeyre, de la paroisse de Nozeyrolles.
Voilà les faits dans leur concision. Il n'y eut pas trois cents chasseurs, comme l'écrivent Pourcher et après lui Pourrat, mais douze ; la chasse n'eut pas lieu dans les bois de Servières, comme le prétendait l'abbé Trossellier, mais au nord du mont Mouchet.
Quant à la façon dont Chastel tua la Bête, telle que la conte l'abbé Pourcher et que l'accepte dévotement l'abbé Pic, c'es un vrai récit de Vie de saint : " Quand la Bête lui arriva, Chastel disait les litanies de la sainte Vierge ; il la reconnut fort bien, mais par un sentiment de piété et de confiance envers la Mère de Dieu, il voulut finir ses prières. Après quoi, il ferme son livre, il plie ses lunettes dans sa poche et prend son fusil et à l'instant tue la Bête, qui l'avait attendu ". On voit comment le merveilleux chrétien a transformé, peut-être dès la première génération, ce coup heureux d'un bon chasseur en coup miraculeux.


La bête tuée par Chastel était bien un loup

L'animal tué par Jean Chastel est longuement décrit dans le rapport du notaire Marin. Au premier abord, dit-il, l'animal lui a paru être un loup. Cependant beaucoup de " personnes connaisseuses " et de chasseurs présents ont insisté sur les caractères étranges de cett bête et il les a notés : " tête monstrueuse, poil du cou très épais et d'un gris roussâtre, traversé de quelques bandes noires; grande marque blanche en forme de cœur sur le poitrail ; pattes armées d'ongles plus longs que les loups ordinaires ; jambes fort grosses, surtout celles de devant ".
Soucieux de précision scientifique, le notaire, qu'assistaient Boulanger père et fils, chirurgiens à Saugues, et Agulhon de la Mothe, médecin, décrit la dentition de la bête. On a compté six incisives sur le devant ; sept molaires de chaque côté à la mâchoire inférieure , six à la mâchoire supérieure; en haut et en bas, et se répondant, deux longs crochets ou canines séparent les incisives des molaires. La canine supérieure, précise le rapport, avait un pouce et quatre lignes de haut (37 mm) et six lignes de diamètre (12 mm).
Le rapport appelle les canines " lanières " et ne distingue pas les prémolaires des molaires. Mais sa précision est telle qu'il est " impossible de mettre en doute qu'il s'agit d'un loup. S. Gagnière, directeur des Antiquités Préhistoriques, est formel : il a dessiné les deux mâchoires et transcrit, en regard de chaque catégorie de dents, le texte du rapport. C'est un loup mâle, dont on a mesuré la verge : 7 pouces ou 19 cm de longueur.
Sans doute ce loup présente-t-il des traits particuliers, notamment " la couleur du poil et la tendance au mélanisme " : mais ces caractères sont peut-être un peu forcés, " en vue de donner à l'animal une allure insolite ". En tout cas ses dents ne peuvent être celles d'un félin ou d'une hyène ; elles lèvent toutes les incertitudes ; ce sont bien celles d'un loup.
Plus d'un ami des loups a refusé d'admettre que ces canidés soient responsables des meurtres commis par la Bête du Gévaudan : ces timides et honnêtes carnassiers, nous assurent-ils, mangent surtout des rats, à l'occasion des cerfs ou des chevreuils malades, mais non pas des humains !
Mais les loups souvent dans le passé ont dévoré des " petits d'hommes ". Et quand, poussés par la faim, surtout les hivers de neige, ils ont eu l'occasion de goûter à la chair humaine, ils en deviennent si " enragés qu'ils délaissent les troupeaux pour les bergers ". Il est bien connu qu'en 1427, aux portes mêmes de Paris, entre Montmartre et Saint-Antoine, ils dévorèrent 14 personnes ; qu'en 1712, en forêt d'Orléans, ils avaient occis en peu de jours une centaine de victimes ; qu'en 1763, à Verdun, un loup furieux tua trois personnes et en blessa douze ; qu'en 1801 deux loups énormes tuèrent ou blessèrent 17 personnes dans le canton de Varzy.
En terre de Peyre, en 1586, quand Joyeuse eut détruit Marvejols et rasé le donjon de Peyre, les loups, nous l'avons vu, firent encore plus de victimes que les soldats.A l'exposition de 1958 à Marvejols figurait un extrait significatif du registre mortuaire de la paroisse de Saint-Julien du Tournel ; on peut y lire : " enseveli le 3 octobre 1630 Etienne Durand, tué par le loup par dessus le village d'Oltet, gardant certain bétail gros, âgé de 14 ans…En 1631, dernier jour de mai, Anne Couderc, 7 ans; deux heures après, Jeanne Nègre, tuée par le même loup ;…le 29 juillet, Jean Meynié, tué par le loup ". D'après ce registre, de 1630 à 1637, 25 personnes furent victimes des loups dans la seule paroisse de Saint-Julien.


Chastel le mal récompensé

Le loup tué par Chastel resta, semble-t-il, une douzaine de jours au château de Besques, où de nombreux visiteurs vinrent le contempler, après qu'un méchant chirurgien de Saugues, Boulanger, l'eut préparé sommairement, en remplaçant les boyaux par de la paille.
Puis Chastel le chargea sur un cheval pour faire la quête dans le pays, mais il reçut bien peu. Ensuite il mit le trophée dans une caisse et partit pour Versailles, avec un nommé Gilbert, domestique du comte d'Apcher.
On présenta au roi la bête et le chasseur. La mauvaise odeur incommoda le souverain, vexé par ailleurs de n'avoir pas été le premier à qui on ait montré ce loup. Il ordonna qu'on l'enterre immédiatement. Chastel n'eut du roi aucune prime. C'est par " une intrigue de cour ", affirme Estaniol, qu'il fut privé de l'honneur de la victoire et des récompenses promises.
Ces récompenses, Antoine, le porte-arquebuse, et ses gardes (à qui les Chastel naguère avaient joué une vilaine farce) les avaient déjà touchées ! Cependant, le 9 septembre 1767, le diocèse accorda 72 livres à Chastel pour avoir tué " une bête qu'on présume, attendu la suspension des malheurs depuis (sa mort), être celle qui les causait ".
Avec ces mêmes douze intrépides chasseurs, le marquis d'Apcher avait continué les chasses et huit jours après le loup, une louve fut tuée à la Beyssère ; ou plutôt elle fut " trouvée morte de la blessure reçue " d'un chasseur nommé Jean Terrisse : le 17 septembre, Jean Terrisse recevait 48 livres de récompense.
Cependant, le diocèse accorda une récompense collective de 312 livres aux douze chasseurs, le 3 mai 1768.
Quand on songe à l'énormité de sommes qu'avaient coûtées au pays et au diocèse les chasses des dragons de Duhamel, celles des arrogants Denneval, celles d'Antoine le Magnifique (l'abbé Pourcher donne le détail de ces dépenses), elles apparaissent bien dérisoires les 72 livres lâchées à Jean Chastel !
Qu'au moins la postérité lui rende justice, à lui le méconnu, et au marquis d'Apcher, aussi désintéressé qu'efficace.



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Message par Cricri-FB Ven 8 Juin 2018 - 10:26

Comment s'est formée la légende de la Bête


La Bête du Gévaudan est devenue une légende, un mythe puissant, qu'on n'arrivera pas à déraciner. Bien des gens refuseront toujours de croire que tous ces meurtres furent l'œuvre des loups.
Comment s'est formée cette légende ? Grâce à l'abbé Pourcher, qui a recueilli la tradition orale encore bien vivace de son temps et croit d'ailleurs souvent lui-même aux faits étranges qu'il rapporte, nous pouvons voir comment s'est créée, cristallisée, cette mythologie.


Un fléau envoyé par Dieu

Un des premiers à proclamer l'origine surnaturelle de la Bête fut l'évêque de Mende, dans son mandement. Il insiste sur le caractère anormal de cette Bête, " inconnue sous nos climats ", qui tue si sûrement, s'échappe avec tant d'adresse, se déplace avec une telle rapidité ! Il faut y voir la main de Dieu, qui veut punir ainsi un peuple endurci dans le pêché.
Fléau de Dieu, la Bête ? A coup sûr, pense aussi l'abbé Pourcher. Mais c'est contre son église gévaudanaise tout entière (et son évêque au premier chef) que le Seigneur est irrité : 1764 est l'année où l'on a rayé du catalogue des saints le premier évêque du Gévaudan, Sévérien, dont des esprits trop modernes suspectaient l'historicité. Peu après, d'ailleurs, sous Mgr de Castellane, on devait rétablir son culte.
Pour bien montrer que notre bête gévaudanaise est bien un fléau de Dieu, déjouant tous les moyens de destruction, l'abbé Pourcher cite, pour l'année 1766, nombre de lettres ou rapports transcrits à la Bibliothèque Nationale montrant qu'à Verdun ou à Sarlat, à Roanne ou à Verdun, de gros loups furieux ont dévoré les populations : mais partout on les tuait assez vite : le Gévaudan, lui, avait une Bête particulière et invincible, parce qu'elle opérait pour Dieu en personne.
Fille de Dieu ou du diable, la Bête fut vite considérée par le peuple des campagnes comme un être doté de pouvoirs extraordinaires.
On l'avait tirée tant de fois, sans parvenir à l'abattre, qu'elle devait être invulnérable ! " Elle ne craignait pas les balles, à moins qu'on ne la touchât sur les côtés. Alors elle jetait un cri aigu, se redressait, continuait sa course sans difficulté et disparaissait au plus vite : impossible de la suivre de près et de l'atteindre ! " Même les lances les mieux aiguisées s'émoussaient sur cette peau impossible à percer.
Invulnérable, la Bête se montrait aussi fort maligne : plus que cela, intelligente ! " Elle savait très bien se détourner des viandes empoisonnées " ; et même, d'après certains, " le poison le plus actif n'avait aucun effet sur elle ".
On disait l'avoir entendue souvent hurler sous les fenêtres de deux paysans de la Fageolle, paroisse de Grèzes : " dans ces cas, elle mettait quelquefois les pattes sur le seuil de la fenêtre et regardait d'un œil très attentif ce qui se passait le soir dans les cuisines ".
Voilà, pour les hommes de cinéma, un plan efficace et facile à réaliser. Les metteurs en scène n'y ont pas manqué !
Un pas de plus et la Bête fait preuve d'esprit de justice et même d'esprit tout court ! Un nommé Raymond, du Ligal, paroisse de Saint-Julien des Chazes, marié deux fois, avait un fils de chaque lit. La marâtre voyait d'un mauvais œil celui qui n 'était pas le sien. Elle l'envoya un jour chercher de l'eau, et comme le sien voulait suivre : " Reste ici, lui dit-elle. Si la Bête pouvait " le " manger…ce ne serait pas un grand dommage ! "…Finalement le petit accompagna son demi-frère à la fontaine et c'est lui, le fils de la marâtre, que la Bête choisit et dévora dans un ravin, près du village. Cette histoire est rapportée à l'abbé Pourcher par un nommé Mouton, de Saint-Julien des Chazes : ce Mouton a acheté, pour le compte de l'abbé,le fusil avec lequel Jean Chastel avait tué la Bête ; il l'a payé 22,50 F et le lui a envoyé à Saint-Martin.
Il arrivait que cette bête rusée attaquât les agneaux et les fît souffrir : elle pensait que leurs bêlements feraient sortir les petits bergers qui se cachaient d'elle !
Un serrurier de Langeac, Miramont, relate à l'abbé Pourcher une histoire de la Bête que son grand-père racontait. A Lesbinières, paroisse de Dèges, canton de Pinols, deux filles allaient aux champs porter le manger à leurs parents. La Bête sortit d'un blé prêt à moissonner et attaqua une des filles. Quand on vint ramasser les restes, " on trouva que la couture du devant de sa robe avait été décousu, comme si une personne l'avait fait ".
Une personne…De là à voir dans la Bête quelque sadique…il n'y a qu'un petit pas à franchir, que d'aucuns ont franchi allègrement, et même dès les premiers mois.
Selon un correspondant anonyme de Marvejols, 25 janvier 1765, les paysans s'imaginent, devant l'agilité surprenante de la Bête, qu'il s'agit d'un sorcier. L'un d'entre eux ne l'a-t-il pas entendue dire, " très distinctement " : " Avouez, mon ami, que pour un vieillard de 80 ans, ce n 'est pas mal sauter ! "
Ils ont renoncé aux armes à feu, raconte encore notre Marvejolais, et n'utilisent, pour se défendre, que des bâtons ferrés ou de ces " paradous " avec lesquels on taille les sabots.


Un homme-loup !

Intelligente comme un homme et dotée de plus de pouvoirs qu'une sorcière, cette Bête n'était-elle pas une sorte d'homme-loup ?
Près de Fournels, deux femmes des Escures, qui s'en allaient à la messe, avaient été rejointes par un homme extrêmement bourru…Les longs poils de son estomac, sortant par une fente de sa chemise, leur faisaient si peur tout le long du chemin que la respiration leur manquait. A peine tenaient-elles sur leurs jambes quand l'homme, brusquement, les quitta…Et dans la matinée, on vit la Bête aux environs ! " C'était le loup-garou qui voulait, de rage, les empêcher d'aller à la messe ! ".
L'abbé Pourcher, critique à ses heures, en tout cas soucieux de précision, dit à propos de telles histoires : si on voulait en vérifier l'authenticité, on s'entendait répondre : " C'est vrai, mais ça s'est passé ailleurs… "Ailleurs, on vous renvoyait toujours ailleurs…Et qui le premier l'a dit ? Je ne sais pas ?.
Mais voici pour une fois qu'on nomme " le voyant " !Palheyre, surnommé Bégou, du village de Pontajou (Venteuges), se réveille une nuit et sort au clair de lune. Et il voit, tout près, dans le ruisseau du Pontajou, un homme grand, couvert de poils, qui se trempait dans l'eau, en sortait, s'y jetait à nouveau, en ressortait. S'apercevant qu'il est épié, l'homme saute pour de bon hors du ruisseau, se change au même instant en bête et s'élance vers Bégou…Celui-ci a juste le temps de verrouiller sa porte !.
De cette invraisemblable mutation d'un homme en bête, Pierre Pourcher ne tire aucune conclusion. Mais pour Henri Pourrat la vision de Bégou devient le point de départ d'un conte fantastique. Faisant un pas décisif, il met un nom sur le personnage velu qui se baignait dans le Pontajou : c'est tout simplement Antoine Chastel, le second fils de Jean Chastel. " L'homme changé en bête…qui en prend la forme, les appétits, les fureurs, au point que les vrais loups le respectent et ne l'attaquant jamais "…c'est Antoine. Il fait partie de ces mystérieux loups-garous, qui " reçoivent une peau de bête et le pouvoir de se changer en bête ".


Antoine Chastel mène-loups ou loup-garou

Voilà Antoine Chastel institué par Henri Pourrat grand artisan des meurtres de la Margeride…Mais Pourrat ne fait qu'insinuer…Il suggère même une autre solution : la vraie bête, si ce n'est pas lui, est manœuvrée par lui…par ce mène-loups, ce sorcier…C'est lui qui la dépêchait à tel ou tel dans les villages, qui l'envoyait hurler devant la porte ou se dresser sur ses pattes dans l'embrasure des fenêtres…Et c'est lui encore qui l'a " envoyée tomber d'elle-même sous les balles bénites " de son propre père Jean chastel.
Pourrat a l'art subtil de présenter le merveilleux et l'invraisemblable comme une chose qui d'elle-même s'impose, qui va de soi…Aussi est-il très difficile de dissiper cette atmosphère magique qu'il a si bien su créer autour de la Bête. " Cet Antoine velu, bourru, effrayant de solitude, sauvagement terré au milieu des mâtins et des loups " est une création romanesque assez fascinante.
Qui croit encore à l'efficacité des balles bénites ? Mais les sorciers et les magiciens, tant d'esprits qui ne s'estiment pas rétrogrades s'y intéressent aujourd'hui ! Les loups-garous sont une très antique croyance. Les Grecs déjà connaissaient les lycanthropes (hommes-loups). Jurisconsultes et théologiens du Moyen Age affirment leur réalité. Quand ils sont sur leurs deux pieds, leur peau de loup a les poils en dedans ; dès qu'ils se métamorphosent en loups, ils la retournent et s'élancent alors à quatre pattes avec leurs yeux étincelants, leurs dents crochues, leurs grandes gueules…Ils dévorent chiens et enfants…Jadis on les brûlait, tout comme les sorcières.
Ils sont restés vivants dans le folklore de toutes nos provinces : et Henri Pourrat suit fidèlement l'imagination populaire, quand il mêle dans Antoine Chastel l'homme et la bête, quand il lie ce demi-sauvage par des liens obscurs aux forces du monde animal.


Les Chastel et la Bête rêveries et réalité

De la connivence entre les Chastel et la Bête on prétend donner une preuve matérielle : la tuerie aurait cessé au temps où ils étaient en prison.
Notons d'abord que beaucoup d'enfants ou de femmes ont été dévorés bien loin de la Beyssère, paroisse des Chastel : depuis Saint-Etienne de Lugdarès, en Vivarais, jusqu'à Saint-Chély d'Aubrac en Rouergue, depuis Ally en Auvergne jusqu'à Rieutort de Randon.
Par ailleurs les meurtres ont connu des périodes d'accalmie sans rapport avec l'incarcération des Chastel : par exemple du 25 novembre au 15 décembre 1764 ; du 1er novembre 1766 au 2 mars 1767…Les Chastel sont mis en prison le 17 août 1765 : et la Bête tue trois fois le mois suivant, en septembre. Ils sont libérés, peut-on croire, peu après le 3 novembre 1766, date du départ d'Antoine de Beauterne : or depuis le 21 septembre, jour où Antoine a tué le grand loup des Chazes, jusqu'au 4 mars de l'année d'après, l'hiver est calme : une seule victime à déplorer, le 21 décembre 1765.
Mais bien des gens s'obstineront à croire malgré tout que cet Antoine Chastel (dont, historiquement, on ne sait rien), du fond des bois brumeux de la Margeride, commandait les carnages, les faisait exécuter par quelque animal extraordinaire…peut-être une hyène échappée de la foire de Beaucaire…A moins que lui-même ne se fît loup pour se griser de jeunes chairs sanglantes…Lui ou quelque autre…de préférence un gentilhomme aux instincts pervers…et caché de préférence dans une abbaye…
Chacun dresse l'oreille ou écarquille les yeux si on lui présente un animal aux pouvoirs de magicien, un sadique affolé par le sang des garçons ou la chair des jeunes filles, un homme qui se fait loup, qui en épouse les fureurs en les multipliant.



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Message par Cricri-FB Ven 8 Juin 2018 - 10:26

Un ou plusieurs loups ?


L'animal tué par Antoine au bois des Chazes puis exposé à Versailles devant Louis XV, fut reconnu comme un loup. L'animal tué par Jean Chastel le 19 juin 1767 était aussi un loup : sa dentition en est la preuve manifeste.
Au cours de toutes les chasses, on ne releva jamais d'autres empreintes que celles de grands loups, même si ceux qui avaient vu la Bête lui donnaient, dans leurs descriptions, des traits, des couleurs, des attitudes plus ou moins fantastiques. C'est un méchant loup et rien d'autre que combattirent victorieusement tant la femme Jouve que le jeune André Portefaix.
Même si un loup se déplace très vite (il fait, dit-on, 30 à 40 km d'une traite et jusqu'à 160 dans l'espace d'une nuit), plus de cent personnes dévorées à de grandes distances et plusieurs dans la même journée réclament, pour la vraisemblance, plus d'une ou deux bêtes meurtrières.
L'accouplement des loups a lieu fin janvier, début février. La gestation dure deux mois ; la louve a de 3 à 9 petits, qui sont adultes à 1 an ; qui, à 2 ans, ont atteint leur plein développement. Le loup " anthropophage " qui paraît dans la région de Langogne en juin 1764,avait pu, trois ans plus tard, être père à trois reprises. Un seul couple, en trois ans, donne naissance à une assez nombreuse progéniture.
De toutes les " Bêtes " qu'au cours des chasses on a débusquées, tirées, assez souvent blessées, plus d'une a dû s'en aller mourir dans quelque tanière inaccessible : ainsi l'animal tiré par les deux frères Marlet de la Chaumette, et qui perdait son sang en telle abondance, de dut pas survivre. Ni celui que la " Pucelle de Paulhac " blessa si durement avec sa baïonnette. On se souvient par ailleurs du loup tué à Luc, dès les débuts ; de la louve tuée à la Panouse. En plus du grand loup des Chazes, Antoine en exécuta plusieurs autres, détruisant toute une famille : mais ceux-là s'intéressaient, anormalement si l'on peut dire, aux moutons et aux agneaux !
Un fait demeure cependant : le carnage en Margeride ne s'arrêta définitivement qu'après la mort du loup de la Ténazeyre (et de la louve tuée par Terrisse). Ce loup de Chastel, aux yeux couleur cinabre, dont la membrane, partant de la partie inférieure de l'orbite, venait au gré de l'animal (selon le rapport Marin) recouvrir tout le globe…ce loup, plus que celui d'Antoine, mérite d'incarner la Bête du Gévaudan : et gloire au gévaudanais qui réussit à l'abattre, le paysan Chastel.
La plus émouvante leçon de ces trois ans tragiques, c'est le courage des enfants de nos montagnes qui mainte fois, avec leurs baïonnettes de fortune, ont fait fuir les monstres affamés de leur chair ; et l'amitié touchante des bêtes familières qui souvent mit en fuite les loups et sauva le berger ou la bergère.



http://perso.orange.fr/mickael.lukas/page6.htm

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Message par Cricri-FB Ven 8 Juin 2018 - 10:27

sofie a écrit:J'ai toujours été très très intriguée par cette affaire

Pour moi, ce ne sont pas des loups qui sont les responsables, mais plutot des créatures issues de croisement entre deux espèces... une hyéne??? un fauve???
L'étude morphologique de la Bête tuée par Chastel montre qu'il ne s'agit pas d'un loup, notamment à cause des côtes je crois, qui étaient très différentes de celles d'un loup...

je pense aussi que pas mal de crimes sont dûs à la main humaine.

il existe de nombreux sites sur cette histoire, celui-ci est très bien fait:

http://www.betedugevaudan.com/

c'est un fils de paysan de Lozère qui l'a rédigé, il est pas mal et très complet!

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Message par Cricri-FB Ven 8 Juin 2018 - 10:27

Merci Sofie pour ce complément d'information grâce au lien.

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Message par Cricri-FB Ven 8 Juin 2018 - 10:28

sofie a écrit:De rien Cricri!

ça me passionne cette histoire

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