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Petit conte de Noël (Jacquotte)

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Petit conte de Noël (Jacquotte) Empty Petit conte de Noël (Jacquotte)

Message par Jycé Lun 14 Mai 2018 - 17:39

En ce moment merveilleux qu'est Noël, je vous écrit quelques lignes.

Avant de le copier et le publier sur un autre site, merci de m'en demander l'autorisation Jycé©️ Jean-Charles Robert

C’était dans les journées frileuses d’un hiver rigoureux et neigeux, la petite Jacquotte se levait tous les matins avant que le coq de la basse-cour se soit lui-même éveillé. Il lui fallait tout préparer pour le lever de ses Patrons : chercher le bois, allumer la grande cheminée après avoir ôté les vieilles cendres, préparer le café, chercher le pain chaud chez ce diable de boulanger qui ne dormait jamais et qui lui faisait tellement peur.

La pauvrette, une enfant de huit ans placée par des parents trop pauvres et qui passaient l’hiver à faire des enfants qu’ils ne pouvaient nourrir, mais qu’ils plaçaient dés qu’ils en avaient l’âge. Et un jour, ce fut le tour de Jacquotte d’aller chez des maîtres. Elle n’était pas maltraitée, le Patron était un brave fermier et son épouse une bonne et brave femme de la campagne qui avait eu des beaux jours, mais que les grossesses trop fréquentes avaient fini par garder énorme. La marmaille qui en découlait galopait, pour les plus jeunes autour de la cour de ferme, et les autres suivaient des études avec un précepteur à disposition.

Le matin dans le noir de la nuit encore profonde, la "petiote", par tous les temps et en toutes saisons s’en allait à pied chercher le pain frais pour ses Patrons et leur nombreuse progéniture. Jacquotte avait peur, les arbres qui tremblaient eux aussi par un vent d’hiver la faisait frissonner de peur. Ils la suivaient, elle courait et ouf! au détour du chemin elle apercevait enfin le repaire du boulanger, sauvée! Mais là une autre peur la tourmentait. L’homme qui officiait au four lui faisait une peur qui malgré la chaleur du fournil, la faisait trembler encore plus. Il était gros, petit, le ventre débordant de partout, de vilains poils sur tout le corps, une tête hideuse dépourvue de dents riait toujours aux éclats. Il lui donnait le pain demandé et voulait toujours lui faire un « poutou » dans le cou. La petite pensait qu’il allait la mordre et que c’est sûrement pour cela qu’il n’avait plus de dents suite aux nombreuses morsures faites aux petits enfants. Une fois le « poutou » distribué, l’homme retournait à son four en sortant de bons gros pains odorants et en le remplissant à nouveau pour sa nouvelle fournée.

Le retour vers la ferme se faisait dans le même esprit que l’aller : la peur. Un mauvais homme devait être caché après le virage du grand chêne, si elle arrêtait de respirer pendant quinze pas, il n’y aurait peut-être personne. Alors il doit m’attendre au petit pont de l’ormeau mort, il faut que je ne respire pas pendant vingt-cinq pas ; et chaque jour c'était le même rituel pour Jacquotte.

Lorsque les Patrons se levaient tout était en ordre dans la grande salle de ferme : la grosse table en vieux chène massif, cirée, les tomettes lavées à grande eau et séchées, le café tout chaud posé sur la table accompagné du lait bouilli sans déborder, le beurre, la confiture et les tartines grillées au feu de bois. Tout cela attendait l’arrivée des goinfres dévoreurs du matin.

Le Patron entrait le premier en baillant et s’étirant comme un diable, suivi par son épouse pas plus réveillée. Lui déjeunait vite, dévorant, avalant tout ce qui lui passait sous le nez, buvant le café brûlant et après un énorme rôt se levait et allait se laver à la pierre d’évier; enfin, se laver, n’était que se passer de l’eau sur le visage, car la grande toilette ne se faisait que le dimanche avant d’aller voir les amis de l’auberge face à l’église pendant que madame et les enfants allaient prier pour le pardon des fautes des pauvres pécheurs.

Le curé, homme jeune lors de son arrivée en ce village avait passé sa pieuse vie à confesser, baptiser, marier, enterrer tous les gens de la paroise, et après le dernier acte de sa messe, il allait attendre ses ouailles à la sortie de l'église en les saluant un à un.

Il jetait un œil courroucé sur les assoiffés de l’auberge et priait le ciel de les voir en son église le soir de Noël pour la veillée.

Noël s’approchait et la neige tombait à gros flocons sur la campagne recouvrant tous les chemins. La vie s’écoulait au ralenti et l’on préparait le festin de Noël, les petits du fermier espéraient des joujoux, des bonbons et toutes sortes de gourmandises.

Jacquotte, pourtant née la veille de Noël et qui passait son second Noël chez ses maîtres, pensait que Noël était fait pour les riches, car jamais « le Père Noël » n'était passé dans sa famille très pauvre, inconnue sans doute du mystérieux bonhomme.

Ce prestigieux moment de Noël se préparait doucement dans la froideur de l' hiver. Le matin de ce jour tant attendu, Jacquotte à son habitude se leva et effectua son ouvrage. Le feu était en route, le café sur le bord de la cheminée, les tomettes propres et la grande table cirée. Elle prit son courage et sa grosse laine pour aller chercher le pain frais dans la bise froide et la neige qui tombait fortement. Chaque contour du chemin encombré par la neige épaisse, le manque de respiration pour tous les obstacles, tout cela devenait une immense peur en son cœur, celle qui se racontait en ces temps anciens, celle des petits enfants enlevés et dévorés par des êtres immondes et effrayants, mais que personne n’avait jamais vus.

Dans ses pensées elle ne se rendit pas compte qu’elle était enfin arrivée devant la boutique du boulanger et le rire de ce dernier la fit sursauter. Le petit mitron était aussi à l’ouvrage, le bon pain doré et cuit à point sortait du four.

Les plaisanteries du boulanger et le « poutou » la remirent dans sa réalité : il restait à faire le retour avec les bras chargés du pain frais.

Pour elle ce matin là fut un mauvais jour, tous les dix pas elle s’empêchait de respirer et chaque contour, chaque obstacle lui coûtait. Allez, le virage du grand chêne, le pont de l’ormeau mort et la ligne droite du tas de fumier et elle serait enfin sauvée et au chaud.

Elle comptait ses pas, les pas de sa destinée et le virage du grand chêne s’approchait. Tout à coup, au détour de ce dernier, il était là devant elle grand, gros, immense, vêtu d' un étrange manteau sombre recouvert de neige. Un gros ceinturon retenait sa sous-ventrière, il était coiffé d’un très grand bonnet. Elle poussa un cri, tomba et s’évanouit dans la neige fraîche.

On la remuait doucement, une voix forte, mais agréable lui parlait, on la soulevait, elle et son fardeau. L’homme faisait des grands pas, où l’emmenait-il ? Il la déposa sur une couche chaude, la recouvrit de son grand manteau rouge. Elle balbutia : « Qui êtes vous ? » « Tu ne me reconnais pas ? » Elle le regarda : des bonnes joues, une grande barbe blanche, tout habillé de rouge, un grand sourire et une voix douce et merveilleuse, mais elle lui répondit « Non ! ».

Il se recula et poussa un gentil cri « Ho !ho !ho ! » Tout à coup, venus de nulle part huit animaux avec des cornes étranges, habillés aussi de rouge et ayant des clochettes s’approchèrent de lui et lui léchèrent gentiment les mains.

« Et maintenant ? « « non, je ne vous connais pas » « Mais je suis le Père Noël ! » Elle le regarda avec ses yeux en amande, étonnée, ravie et intriguée.

La couche sur laquelle reposait Jacquotte était simplement le traîneau. Les animaux s’installèrent devant et le père Noël s’assit à côté de la gamine et cria doucement à ses animaux un autre « Ho, ho, ho » et l’attelage s’ébranla, s’éleva d'un coup et s’éloigna de la terre enneigée. La petite prit peur, le grand père lui dit: "n’ait crainte, tu vas faire un merveilleux voyage, et je te ramène tout à l’heure devant ta maison." Mais mon travail et mes maîtres que vont-ils dire ? » « Ils ne verront rien le temps pour eux et pour toi ne sera pas le même »

Il repoussa son cri " Ho, ho, ho" ! Mais plus énergiquement. Les rennes disparurent et le traîneau seul accéléra atteignant une vitesse phénoménale ; il lui dit "regarde en dessous". La petite regarda et vit la maison de ses maîtres. Les gens changeaient au fur et à mesure, la maison changeait elle aussi. Il y avait de nouveaux chariots qui n’avaient pas d’animaux : elle ne comprenait pas ! Le vieux bonhomme lui dit : "nous ne sommes plus aujourd’hui, nous sommes demain dans le futur lointain".

Elle ne comprenait plus rien. Le grand père lui expliqua doucement que le temps et l’espace n’avaient rien à voir avec la vision des gens. Tout dépendait de l’époque dans laquelle ils vivaient. Elle faisait partie d’un espace temps, mais dans cet espace, d’autres y menaient leur vie à une autre époque, mais que personne ne pouvait ni se voir, ni se rencontrer. A de rares exceptions la rencontre eut lieu et les humains parlaient de ces phénomènes comme étant des "fantomes" ou "des êtres d’un autre monde".

Elle vit de nombreuses vies éloignées de sa vie actuelle mais différentes.

"On rentre "! s’exclama le grand père. Le retour se fit aussi vite que l’aller et les rennes reprirent leur place pour rentrer dans la vie de Jacquotte. Ils se posèrent à l’endroit exact de leur départ. Le viel homme la prit par la main, et la ramena prés de son travail. La petite vit des lumières dans la barbe du vieillard : " c’est quoi " dit-elle? « Des diamants », il en prit un, lui donna en disant : « garde le!. » Elle le déposa dans son mouchoir et le mit dans sa poche.

Le vieux bonhomme lui dit Au revoir et À bientôt, d'un signe de la main. Un dernier "Ho, ho, ho" et il disparut avec ses rennes et son traîneau.

Jacquotte arriva à l’heure et reprit son travail, sans rien dire à personne. Toute la journée elle se posa la question: Avait-elle rêvé?

Le soir, après la messe de minuit, pendant que tout le monde faisait ripaille et qu’elle oeuvrait à servir et à desservir le fabuleux repas préparé par la patronne, travail auquel elle avait participé, un étrange bruit se fit entendre à l’extérieur : une sorte de galop avec tintement de clochettes, puis plus rien et des coups frappés à la porte et un « Ho, ho, ho » La petite dit : « c’est le père Noël »

Les plus jeunes étant couchés, dans la maison, les grands et les parents se mirent à rire : mais il n’existe pas ! « Si, je l’ai rencontré cette nuit » Nouveaux rires.

De nouveau les coups se répétèrent ainsi que le "Ho, ho, ho". Le Patron se leva, ouvrit et devant les yeux abasourdis des fermiers Le Père Noël entra et dit: "mais oui je suis le Père Noël et seuls ceux qui croient en moi peuvent me voir. Jacquotte est un cœur pur et grâce à elle vous pouvez me voir. J’ai des cadeaux pour vous tous, et un pour Jacquotte que je te confie à toi son noble Patron. Tu lui donneras lorsqu’elle sera en âge de se marier, tu ne pourras jamais l’ouvrir, seule Jacquotte au moment de son mariage pourra le faire

Le Père Noël sortit, en saluant ses hôtes et après un « Ho, ho, ho » disparut dans la nuit noire pour finir sa tournée des enfants qui croient en lui.

Les Patrons surpris, émerveillés firent une place à Jacquotte à leur table et posèrent des questions à cette dernière. Elle répondit timidement et mangea avec les maîtres.

Le lendemain, Jacquotte ne fut plus traitée comme servante, mais comme fille de la maison : elle dormait dans un lit avec des draps, mangeait tous les jours à table et non plus dans un recoin de la cuisine. Elle grandit, suivit quelques études avec les enfants de la maisonnée et lorsqu’elle fut en âge de se marier, un beau galant demanda sa main au Patron. Elle se maria et dans le coffret qu’elle l’ouvrit un rayon extraordinaire de clarté illumina la pièce : de nombreux et gros diamants étaient disposés dans l’écrin merveilleux que le Père Noël lui avait laissé quelques années plus tôt.

Dans la petite église un jeune curé était venu remplacer le vieil homme qui avait tant officié, ne sachant rien de l’histoire, lorsqu’il demanda à Jacquotte le « oui ! » on entendit un galop avec tintement de clochettes et le fameux « Ho, ho, ho » Jacquotte s’exclama : « c’est le Père Noël » et le jeune curé : « s’il vous plait, soyons sérieux ! »………
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